mercredi 21 décembre 2016

Haïr Noël (ou le conformisme du non-conformiste)

Chaque année, je croise quelqu’un qui déteste Noël et qui cherche mon approbation dans sa discussion :

« Noël! Franchement! Hein? Cette surconsommation! Hein? Recevoir la famille… Pfff! Hein? Pas d’allure! Hein? »

Je suis toujours mal à l’aise quand quelqu’un me parle en me mettant son opinion dans la bouche sans me laisser parler. Comme si le fait de dire « Hein? » à la fin de ce qui n’est même pas une phrase rassurait mon interlocuteur.

Le problème avec les gens qui détestent Noël, c’est qu’ils ne réussissent pas à avoir mon approbation… parce que j’aime ça, Noël! Mais d’un point de vue objectif, ils ont quand même probablement raison : je suis peut-être trop nostalgique, trop conformiste, trop capitaliste… Trop gna-gna avec mon cœur d’enfant… Je nourris peut-être trop mon propre plaisir à faire des cadeaux aux autres… Je trouve néanmoins que tout ça est moins lourd que d’être avare comme un rat. Comme Monsieur Scrooge.

Le principal argument des gens qui n’aiment pas Noël, c’est que c’est inutile de dépenser autant d’argent pour faire des cadeaux. Je dirais ici – par pure observation trop peu scientifique – que ces gens se divisent en trois catégories : les menteurs, les puristes et les casse-culs.
Les menteurs de Noël sont ceux qui trouvent ridicule le fait de se donner plusieurs cadeaux dans le temps des fêtes. Ceux-là optent pour une option beaucoup moins capitaliste, à leur avis : ils ne s’offrent qu’un seul cadeau. Et parfois, un seul cadeau pour la famille complète. Mais le cadeau qu’ils s’offrent dépasse largement la valeur des petits cadeaux qu’ils dénoncent : ils s’offrent un voyage, un nouvel ordinateur, une voiture, un instrument de musique, etc. Il m’apparaît de très mauvaise foi de juger la nature capitaliste de ceux qui s’offrent des livres, des films et des jouets alors que tes dépenses pour Noël sont plus élevées!

Les puristes de Noël sont ceux qui trouvent ridicule le fait de dépenser pour faire un cadeau. Ils prônent plutôt des cadeaux « à coût nul » : donner un livre usagé, donner un coupon valide pour du temps d’aide pour enlever les pneus d’hiver, un dessin, une carte faite à la main, du temps pour aller bouquiner, du temps pour cuisiner, etc. L’idée est bien noble, mais tout cela est, pour la personne qui offre ce cadeau, bien plus déculpabilisant que noble… Et tout ça rime souvent avec cadeau forcé… que le cadeau soit un bien ou un service, lorsqu’il est forcé, il est tout aussi désagréable à recevoir.
Les casse-culs de Noël sont ceux qui jugeront pratiquement toutes les activités que vous voudrez entreprendre dans le temps des fêtes. Un échange de cadeau? Trop conformiste. Une marche en plein air en famille? Ringard. Un souper de Noël? Trop 1970, est-ce qu’on peut évoluer un peu?! Ok, d’abord, cette année, on ne fête pas Noël. Trop non-conformiste.  


Le temps des fêtes, c’est un temps d’arrêt pour voir ceux qu’on aime… et peu importe votre manière de le prendre, je vous souhaite un Joyeux Noël! 

dimanche 18 décembre 2016

Des vidéos de p’tits chats (ou l’ineptie volontaire)

« Monsieur? On peut-tu r’garder des vidéos de p’tits chats à’ place? »

Je pense que c’est cette phrase qui m’a le plus bouleversé.

Ça m’a mis à l’envers.

Attendez… Je vous explique le contexte. Dû à un conflit d’horaire, je me suis retrouvé à donner mon cours d’informatique à l’extérieur de mon local habituel. Ça me faisait plaisir d’aider une collègue qui avait besoin du laboratoire informatique et j’ai décidé de présenter un film à mes élèves, chose que je fais très rarement… et comme nous approchons de Noël, j’étais persuadé que ça leur ferait plaisir...

Ça fait donc près d’un mois que je fouille pour des films en lien avec l’informatique. Je me suis arrêté sur « Steve Jobs » et « Le réseau social » (Mark Zuckerberg). Ces deux films m’intéressaient, mais je ne les avais pas encore vus. Je les ai commandés à mes frais et je les ai visionnés avant de les montrer aux élèves. Les deux films m’ont un peu déçu à cause de la personnalité horripilante des deux personnages. Je me disais cependant que les comportements nauséabonds des deux hommes d’affaires auraient apporté de bonnes discussions après le visionnement du film et surtout auraient permis de poser la question, un peu plus philosophique : « Est-il nécessaire d’être détestable pour être un bon entrepreneur? ». J’ai donc apporté les deux films en classe et on a passé au vote.

- Qui veut regarder le film « Le réseau social »?

Silence radio; boule de foin traversant la savane; chant du criquet. J’aperçois au loin une main se lever dans un grand champ d’indifférence, mais je suis un peu content puisque je préférais l’autre film. J’en conclus naïvement que c’est le film de Steve Jobs qui gagne… Je me prépare à le mettre dans le DVD et un élève regarde son ami, les bras dans les airs, outré comme une mégère et critiquant ma façon de passer au vote : « Ah c’est ça! Le film de Facebook a un vote, l’autre n’a pas de vote, alors c’est Facebook qui gagne! C’est ça? C’est ça? »

- Bon… pour faire plaisir au Colonel Rabat-Joie, on va passer au vote. Qui veut regarder le film sur « Steve Jobs »?

Trois mains se lèvent timidement.

- Monsieur, on pourrait juste aller sur Youtube aussi…

- …

- Monsieur, on peut-tu écouter de la musique?

- …

- Monsieur, on va juste parler… ça va être chill.

- …

- Ouain, monsieur? On peut-tu?

- Wow là… NON!

Mon option était binaire. Ou bien on regarde le film A, ou bien on regarde le film B. Rien d’autre. C’est comme si je vous invitais à souper et que je vous proposais deux plats. Ce n’est pas si mal, il me semble… Et que vos invités, à la vue du repas que vous leur serviez, vous proposaient, dégoûtés, de commander de la pizza! Vos intentions étaient bonnes, vous saviez que votre repas n’était pas digne de Bocuse, mais il valait plus que toutes les fritures qu’on vous sert au Buffet des continents.

- Monsieur? On peut-tu r’garder des vidéos de p’tits chats à’ place?

Je pense que c’est cette phrase qui m’a le plus bouleversé. Ça m’a mis à l’envers. Celle-là faisait encore plus mal. Comme si mes invités m’avaient proposé de manger des vidanges plutôt que ce que j’avais mis du temps à leur préparer.

Obnubilés par eux-mêmes, ils confondent leur personne et les autres…

Je me sens toujours aussi impuissant face à cette ineptie volontaire… Face à l’absence de savoir-vivre et face à l’absence de savoir le savoir-vivre. La réflexion m’a poussé à comprendre que cette question banale n’avait pas été fielleuse, mais à ce point dépourvu de raisonnement qu’elle s’apparentait à un cri primal. Avec cette question bête, j’ai compris que les plus narcissiques sont incapables d’évaluer la portée de leurs propres gestes sur les autres.

Ils sont si aveuglés par leur petit confort éphémère qu’ils vont jusqu’à se délaisser eux-mêmes.

mardi 13 septembre 2016

Corriger des fautes avec Sophie Durocher

Tout le monde a droit de faire des fautes d’orthographe.

Par contre, lorsqu’on vous dit que vous avez fait une faute et que vous ne la corrigez pas, je trouve ça tristement paresseux. C’est un manque de rigueur. Lorsque votre métier est d’écrire, (que vous soyez chroniqueur, journaliste, auteur, etc.) vous êtes un modèle pour tout apprenant. Après tout, à quoi ça servirait de ne pas faire de fautes si même ceux qui font de l’écriture leur métier en font? Ils réussissent à gagner leur vie.

Depuis quelques mois, j’offre mon aide à Madame Sophie Durocher afin de corriger ses textes :

16 mai 2016 :

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30 mai 2016 :

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16 août 2016 :

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18 août 2016 :

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20 août 2016 :

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5 septembre 2016 :

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13 septembre 2016 :

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Pourtant…

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Me voilà ébaubi!

lundi 12 septembre 2016

Vieillir

Tu le sais que tu vieillis quand le band rebelle de ton adolescence – celui qui cassait des guitares à la fin de chaque spectacle – poste une salsa verde sur Facebook…

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dimanche 11 septembre 2016

C’était un mardi

Je suivais un cours optionnel de photo au Cégep, c'était pendant la pause et même si tout le monde sortait de la classe pour aller gambader dans les corridors, je restais là à faire un devoir de maths. En revenant, le gars assis en arrière de moi était vraiment désagréable et parlait fort. Mais j'étais concentré sur mon devoir et je n'écoutais pas trop ce qu'il disait. Il s'obstinait avec la fille à côté de lui. « Non, le World Trade Center, c'est pas la même affaire que l'Empire State Building... Le World Trade Center, c'est les tours jumelles. » Le cours a repris, comme si de rien n'était.

Tout de suite après, j'avais un cours de philosophie. C'est le prof qui nous a posé la question : « Savez-vous ce qui vient d'arriver? » Silence. Personne ne comprenait et ce que les gens avaient entendu entre les cours ressemblait plutôt à des rumeurs qu’à des faits. Il nous a expliqué et il nous en a parlé pendant le cours au complet.

Cette journée-là, je finissais autour de 17h. Une semaine plus tôt, ma grand-mère décédait et en arrivant chez moi, mon père, mon oncle et mon parrain étaient en train de déménager des meubles et des boîtes de souvenirs. Je trouvais ça triste et je faisais mes devoirs dans le sous-sol, entre les meubles de ma grand-mère et des boîtes placées n’importe comment en attendant de leur trouver une place. J’ai allumé la télé. Les images jouaient en boucle. Ce n’était pas un film de guerre ou de science-fiction. C’était vrai.

C’était un mardi, il y a 15 ans.

lundi 5 septembre 2016

Journée du travail, Black Friday et Walmart

Le 11 novembre 1887, quatre militants ont été condamnés à mort l’explosion d’une bombe lors d’une manifestation le 4 mai 1886 à Chicago. Je saute vite aux conclusions, mais cette manifestation fut à l’origine de la fête du Travail.

La journée de la condamnation à mort de ces défenseurs des droits des travailleurs est appelée le “Black Friday”.

Ironie du sort, depuis quelques années, au mois de novembre, les commerçants offrent des rabais conséquents dans leurs magasins. À l’époque où la comptabilité était tenue à la main, les comptes étaient écrits en rouge. Le vendredi qui suivait le Thanksgiving permettait aux commerces de “sortir du rouge”, d’où le nom “Vendredi noir”.

Difficile de ne pas être cynique quand la grande mascarade de la consommation (qui a souvent lieu dans des commerces (comme Walmart) où les employés – associés – ne sont pas syndiqués…) a le même nom que la condamnation à mort de quatre défenseurs des droits des travailleurs.

dimanche 4 septembre 2016

Éducation et consommation

Un phénomène est intéressant (tristement intéressant?) avec l'enseignement de l'informatique et du montage vidéo. Chaque année, des élèves restent à la fin de mon premier cours pour me parler de leurs possessions (leur caméra vidéo, le processeur de leur ordinateur, leur carte mémoire, la quantité incommensurable de logiciels qu'ils ont réussi à pirater, etc.). Ce qui est troublant, c'est que majoritairement, ils se vantent de posséder ces outils, mais s'en servent peu ou pas (ou ils ne savent pas comment s'en servir).
Comme si la consommation de l’objet était plus importante que l’objet lui-même.
Qu’est-ce qui nous a mené à ça?
Ce phénomène n'existe pas dans les autres matières, je crois.
Jamais un élève n’est resté à la fin d’un de mes cours de mathématique pour me montrer son kit de géométrie à 300$ en me citant des marques et des versions de compas. J'imagine que dans les cours de langue, très peu d'élèves se vantent d'avoir acheté le dictionnaire dernier cri…



lundi 11 juillet 2016

Anecdote de prof

Certains collègues riaient de moi puisque la cloche venait de sonner et j’étais encore dans le corridor en train de courir. Malgré ma course, dans ma tête tout se passait au ralenti : comme lorsque James Bond fuit une explosion.

Essoufflé, je suis entré dans ma classe, en retard, pour accueillir mes élèves. Traveling horizontal et très lent : quatre d’entre eux étaient debout, les autres parlaient très fort et je tentais d’avoir l’attention en les saluant. Pour aucune raison apparente, un d’entre eux m’a donné des bêtises méchantes et vulgaires, dans une contre-plongée, en parlant très fort et tout le reste du groupe s’est mis à applaudir en riant. Je lui ai demandé de sortir de la classe, chose qu’il refusait systématiquement… J’avais un trou de mémoire… son prénom m’échappait et j’ai jeté un coup d’œil à ma liste de classe, mais celle-ci est mal imprimée et pixélisée.

Une élève plus studieuse, mais avec une attitude tout aussi désagréable, assise à l’avant de la classe, s’impatientait puisque le cours ne commençait pas. Ne sachant trop quoi faire, j’ai commencé à enseigner quand même. Il n’y avait pas de craie, le tableau blanc interactif était hors d’usage et la moitié du groupe n’avait pas son matériel scolaire.

J’ai claqué la porte et – effet vertigo – je me suis mis à hurler très fort et à insulter le groupe en les pointant du doigt.

Je me suis réveillé. Je fais ce cauchemar chaque année, durant les vacances, mais honnêtement j’aurais préféré le faire vers la fin août!...

liste floue

dimanche 10 juillet 2016

Inspiration et plagiat – Green Day

La ligne est parfois mince entre l’inspiration et le plagiat en musique. L’affaire « Stairway to heaven » nous l’a bien démontré d’ailleurs.

La défense a pour sa part fait intervenir un professeur de musicologie, Lawrence Ferrara, qui a soutenu que les similarités entre les deux morceaux relevaient d'une progression musicale utilisée depuis des siècles, par Mozart notamment.

Je suis personnellement un fan du groupe américain Green Day, que j’écoute encore fidèlement – malgré ce que les critiques d’albums en pensent – depuis le secondaire. Il m’arrive de faire des recherches sur les chansons de ce groupe et de constater que des lignes musicales sont parfaitement identiques à d’autres chansons… inspiration, hommage, plagiat? J’ai recensé quelques unes de ces comparaisons.

Green Day – Walking contradiction : https://youtu.be/I5zEP4kvfnc?t=41 
The Kinks – Do it again https://youtu.be/voCM0eUyG2c?t=42

Green Day – Hold on : https://youtu.be/9ZvYSKK18-Y
The Beatles - I Should Have Known Better : https://youtu.be/goX9dESxLnU

Green Day – Jesus of Suburbia : https://youtu.be/SA8v3B1SxR0?t=253
Bryan Adams – Summer of 69 : https://youtu.be/eFjjO_lhf9c?t=31 

Green Day – Jesus of Suburbia (une autre séquence) : https://youtu.be/SA8v3B1SxR0?t=226 
Mötley Crüe – On with the show : https://youtu.be/owK4VLsQIqo?t=13 

Green Day – Warning : https://youtu.be/eebfMFzJHNs
The Kinks – Picture book : https://youtu.be/B7encWb7lNQ

Green Day – 21 guns : https://youtu.be/r00ikilDxW4?t=144
Electric light orchestra – Telephone line : https://youtu.be/77R1Wp6Y_5Y?t=229 

J’ai découvert cette comparaison aujourd’hui. Évidemment, je ne connaissais pas le chanteur Cho Young-nam, mais la ressemblance est frappante. Cette chanson semble dater de 1992 :

Green Day – American Idiot : https://youtu.be/Ee_uujKuJMI?t=33 
Cho Young-nam – Goodbye City : https://youtu.be/4fF6HJ-aG48?t=43 

En jouant du piano, il m’arrive souvent de constater que la ligne d’accords entre deux chansons est la même (parfois dans des tonalités différentes). Je savais depuis longtemps que Basket Case de Green Day était la même ligne musicale (d’accords) que le Canon de Pachelbel. Aujourd’hui, j’ai trouvé quelqu’un qui a fait le “mashup” et ça me rend pas mal heureux : https://youtu.be/rDYBa-Hu0Gk.

samedi 4 juin 2016

Un cd dans ma main : Amylie–Les éclats

  • Chronique 1
  • Album : Amylie – Les éclats
  • Genre : Rock (selon iTunes), Musique francophone (selon Archambault)
  • Maison : Audiogram
  • Date de sortie : 13 mai 2016
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Ça fait longtemps que je veux me prêter à cet exercice : une chronique d’humeur – non pas une critique – en lien avec un album que j’écoute. Même si ce disque d’Amylie est tout récent, je ne veux pas me limiter à publier une chronique uniquement avec des albums fraîchement sortis, mais plutôt un album que j’écoute pour la première fois.

Les critiques d’albums m’énervent en général. D’abord pourquoi noter un album? Trois étoiles, quatre étoiles, who cares? Les critiques sont souvent trop frileux de ne donner qu’une ou deux étoiles et trop élitistes pour donner cinq étoiles. Résultat : tous les albums sont notés quelque part entre 60 et 80%. Et trois étoiles et demie, ça me fait rire! Jamais déçu, jamais enthousiaste… juste adéquat.

Aussi, je me demande pourquoi toutes les critiques d’albums doivent avoir le même format, presque toujours dans le même ordre : bio de l’artiste, comparaison avec le dernier opus, comparaison du style avec d’autres artistes et finalement, une phrase floue sur l’appréciation générale de l’album… et pourquoi pas un délicieux jeu de mot avec le titre de l’album?

Ok. Donc, maintenant que le long préambule est terminé, lançons la première chanson, Tout. « Mon silence n’est pas une fuite, pas une fuite. C’est ce que je suis et ce que j’ai. » J’aime ça. J’aime bien le changement d’ambiance quand arrive le refrain : ça met l’accent sur le son de la guitare et les paroles.

Sortir du bois est plus douce que la chanson précédente, La hauteur, mais le son de la guitare, bien imprégné de réverbération est cohérent depuis le début de l’album. C’est bon la mélodie montante du couplet de Mille fois ; la batterie régulière et le son de la contrebasse sur ces paroles « Malheur à qui s’accommode de la haine, Je devais être folle pour m’éprendre de mes chaînes ».

J’ai passé la chanson Grand-maman à penser à ma grand-mère, décédée en 2001. De beaux souvenirs, c’est agréable quand on ne crache pas sur la nostalgie! Ce n’est pas donné à tout le monde!
C’est un bel album dont le rythme des chansons varie en dents de scie et qui représente une belle unité ; c’est du moins ce que j’ai ressenti en écoutant la deuxième moitié de l’album avec Jusqu’au matin, L’amour à dos et Système solaire.

L’album se conclut tout en délicatesse, avec Tout oublier, une pièce piano/voix candide.

lundi 23 mai 2016

Riche pour vrai

Dans un de mes derniers billets, je disais que je ne voulais pas former des carriéristes. Si je résume, je trouve ça désolant de voir mes élèves se laisser dominer par la « doctrine » : Plus tu as du succès, plus tu seras riche… et inversement, si tu es riches, ça veut donc dire que tu as du succès.

Puis quelques jours plus tard, Zviane, une de mes bédéistes préférées écrivait « Combien rapporte le plus cool métier du monde? ». Dans ce billet, elle explique d’où provient sa rémunération – qui disons-le, est très modeste. Elle dit : « Chacun ira de son sentiment personnel, mais pour moi, je crois que je fais assez d’argent. J’ai pas de difficulté à manger ou à payer mon loyer. Et moins tu te fais payer, plus tu es libre! » Wow! Ça c’est inspirant! Disons que c’est tout un contraste avec ce que j’observe dans mes classes…

Quelqu’un (Nunumi) a écrit dans les commentaires : « Y’a une chose que j’ai réalisé y’a pas si longtemps, c’est que quand tu fais ce que tu aimes vraiment dans la vie, la vie te coute moins cher. »

Ça pourrait faire une belle affiche dans ma classe!

samedi 21 mai 2016

Pensée impure – Bal des finissants

Si le bal des finissants se veut une fête pour symboliser le passage à l'âge adulte, ne devrait-on pas profiter de ce dernier moment pour vivre à fond la fin de notre enfance en allant se balancer dans un parc, en buvant de la Slush à la gomme balloune, en faisant du bricolage, en lançant des ballounes remplies d’eau par terre, en faisant une chasse aux trésors, en chantant des comptines bruyamment, en faisant des châteaux de sables et en se rappelant de la joie intense que provoquait la sortie de ce parachute.

dimanche 15 mai 2016

Je ne veux pas former des carriéristes

La vision rectiligne de l’éducation carriériste me désole énormément. Je me suis souvent entendu dire à mes élèves, afin de les motiver, que l’éducation que je leur offrais était nécessaire pour avoir un bon emploi… que l’utilisation des nuages de points, de corrélations, de droites de régression … sera nécessaire dans des domaines des sciences humaines tels que la psychologie, le marketing… que l’utilisation de la fonction exponentielle sera nécessaire en finance, en biologie, en sociologie, etc.

Je fais la démonstration implicite, bien malgré moi, que l’apprentissage est une nécessité qui découle de l’obligation d’obtenir une rémunération. Que les connaissances acquises à la formation générale du secondaire servent d’abord à l’obtention d’un diplôme et d’une rémunération. Cette démonstration implicite est bien ancrée dans le système éducationnel québécois : on favorise la démonstration de l’utilité d’une connaissance au détriment de la connaissance elle-même. Si bien que lorsque j’enseigne une nouvelle notion à mes élèves, j’ai toujours l’impression que je dois m’armer de tous les exemples d’applications au cas où un élève me poserait la question inévitable : « À quoi ça sert, monsieur, d’apprendre ça? »

C’est un peu comme lorsqu’on brandit une carotte devant un cheval pour le faire avancer, sauf que la carotte a été substituée par une carrière remarquable et surtout payante. On admettra qu’au fond, on est un peu en train de dire à l’élève que s’il apprend comment isoler une variable dans une équation exponentielle, il pourra se payer toutes les pacotilles qu’il désire avec la richesse que lui procurera son emploi. On forme ainsi, à mon avis, une population qui n’a comme seule ambition que son propre avancement professionnel.

On ne met pas assez l’accent sur le fait que l’école ne devrait être qu’un tremplin sur l’apprentissage : un petit coup de pouce qui aidera ces jeunes adultes à être curieux, à lire, à visiter, à créer, à décider, etc. J’aimerais pouvoir répondre à mes élèves que les concepts qu’ils apprendront tout au cours de leur vie leur permettront de faire des choix éclairés.

Apprendre, ça ne s’arrête pas à l’obtention d’un diplôme. Apprendre, c’est se départir des cloisons que nous imposent certains cadres. Apprendre, c’est être libre.


mercredi 11 mai 2016

« À quoi ça sert monsieur, d’apprendre ça? »

« À quoi ça sert monsieur, d’apprendre ça? » J’imagine souvent la réponse que je pourrais servir à cet élève, avec sarcasme :

Grâce à cette connaissance, tu pourras obtenir un diplôme d’études secondaires. Celui-là te permettra d’aller au Cégep, puis de faire d’autres apprentissages pour obtenir un autre diplôme qui te permettra d’entrer à l’Université et d’obtenir un autre diplôme. Ce diplôme te permettra d’avoir une bonne carrière.

Grâce à cette connaissance, tu monteras lentement les échelons de ton emploi, puis tu deviendras plus important : d’abord conseiller, puis adjoint administratif, puis patron. Tu feras beaucoup d’heures supplémentaires et ça te permettra de gagner beaucoup d’argent. Tu t’achèteras une belle voiture prestigieuse qui gonflera ta confiance, tu déménageras dans une plus grande maison, tu auras des enfants et un gros berger allemand.

Mais rapidement tu t’essouffleras au travail et décideras d’en faire un peu moins. Tu constateras vite que cela sera impossible compte tenu du prêt pour la voiture luxueuse et de l’hypothèque de ta maison trop grande… et tu ne voudras pas t’en défaire. Parce que tu ne seras plus jamais à la maison, tu feras euthanasier le berger allemand suite à des difficultés rénales dû à une ingurgitation de gros sel qu’on met sur les trottoirs l’hiver et tes enfants ne te le pardonneront jamais.

Au moins une fois par année tu recevras pour souper le « Big boss » de Toronto avec sa charmante épouse. Tu porteras ton plus bel habit, une chemise blanche bien repassée et des souliers vernis qui te donnent mal au dos. Vous boirez une bouteille de Gevrey-Chambertin bouchonnée sans vous en rendre compte et vous le trouverez délicieux. Vous en boirez même une deuxième, puis une troisième. Vous parlerez avec prétention des gens qui gagnent moins d’argent que vous. Vous rirez la bouche pleine, mais avec classe. Ivre, tu feras une remarque déplacée sur le décolleté de l’épouse de ton patron, puis ils quitteront votre demeure contrariés.

Tu seras congédié et trouvera un emploi plus modeste. Ta femme te quittera puisque ta carrière ne sera plus à la hauteur de ses ambitions. En attendant ta retraite, tu te contenteras d’un emploi qui ne te passionne pas et qui te demande beaucoup de temps.

Au moins, grâce à cette connaissance, tu feras de l’argent. Tu commanderas du poulet rôti pour souper presque tous les soirs de semaine et tu regarderas les nouvelles sans trop comprendre la moitié des enjeux, en mangeant les frites froides et le demi-pain hamburger que tu avais laissés trainer en soupant. Tu vas commencer à faire du ménage une fois toutes les deux semaines, le jeudi précédant la visite de tes enfants.

Tu vas t’asseoir à la table de la cuisine pour aider ton plus vieux à faire ses devoirs et il te demandera : « P’pa, à quoi ça sert d’apprendre ça? » et tu lui répondras : grâce à cette connaissance, tu auras le privilège de ne plus jamais apprendre.

dimanche 1 mai 2016

Option nationale et les sophismes

Option nationale a fait de courtes séquences explicatives de certains sophismes mentionnés dans le débat publique. Quand la politique est pédagogue, je la trouve très saine, alors je trouve très pertinent de partager ces vidéos.




lundi 25 avril 2016

L'épiphanie des ânes

Il m’arrive souvent de finir mes cours en trouvant que certains de mes élèves manquent de culture générale, de civisme et de savoir-vivre. Leur fermeture d’esprit me désole souvent… et je m’adonne souvent à réfléchir à des solutions pour pallier à cette navrante situation.

Qu’arriverait-il si on prenait de temps à autre une dizaine de minutes des cours des élèves du primaire et du secondaire pour leur enseigner un tout petit élément culturel? Parviendrait-on à sortir des œillères du (maudit) programme de formation pour s’attarder, par exemple, aux paroles d’une chanson de Jacques Brel après l’avoir écoutée, à une œuvre de Goya, aux saisons de Vivaldi, au théâtre absurde d’Ionesco, à une séquence d’un film de Kubrick ; pour s’intéresser pendant un court moment à la vie de la Bolduc, de Mata Hari ou de Simone de Beauvoir, etc.?

Bien que je souhaite vous répondre qu’un tel exercice serait possible, mon pessimisme l’emporte. J’observe dans mes classes qu’il existe entre les élèves une forme d’intimidation intellectuelle ; celle qui fait en sorte qu’il n’est pas bien vu d’avoir des connaissances nombreuses et variées. De l’élitisme inversé : on magnifie le balourd au détriment du surdoué.

Je ne crois pas que ce phénomène est nouveau. Quand j’étais au secondaire, un jour mon enseignante de mathématique remettait les examens corrigés au groupe en prenant soin de garder ma copie pour la fin. Une question boni faisait toujours partie de ses examens : c’était une question plus difficile qui permettait à certains élèves de gagner quelques points supplémentaires, mais surtout qui amenait les élèves à se dépasser. J’étais le seul de mon groupe qui avait réussi la question et mon enseignante en avait profité pour me féliciter devant tous les autres élèves. J’en étais flatté. Elle m’avait demandé si je voulais venir l’expliquer au tableau devant le groupe ; chose que j’ai faite sans trop de difficulté.

Quand je suis retourné m’asseoir à ma place, un gros abruti me pointait du doigt en riant. Il regardait son nigaud d’ami en chuchotant quelque chose un peu pour chercher son approbation. À cette époque, ce genre d’événement ne me dérangeait pas du tout : ils ne m’impressionnaient pas et je n’avais pas envie de les impressionner.

Depuis que j’enseigne, je constate à quel point ces individus ont un fort pouvoir persuasif sur un groupe. Si l’abruti et le nigaud n’ont pas eu d’impact sur l’élève que j’étais, ils en ont assurément sur les élèves à qui j’enseigne. Comme une loi de la jungle intellectuelle : si vous êtes bête, vous gagnerez contre l’intellectuel en faisant croire aux autres que l’intellectuel est plus bête que vous et que les autres… Ce faisant, ils seront flattés de se trouver au-dessus de la mêlée. Lafontaine disait, dans le corbeau et le renard : « Apprenez que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute ».

Il est alors difficile de s’imaginer certains élèves développer une véritable curiosité par rapport à des sujets culturels variés sans être confrontés à la fermeture d’esprit des autres. L’enseignant(e) n’aurait d’autre choix que de faire fi de ceux qui s’en fichent et de leur attitude polarisante.

La primauté que nous accordons à la réussite scolaire représente à mon sens un autre obstacle à l’exercice de développer la culture générale des élèves au primaire et au secondaire. En plaçant la réussite sur un piédestal, on sacrifie souvent l’apprentissage en accordant à l’évaluation une plus grande importance qu’à ce dernier. Nombreux sont les élèves, les parents et les enseignants qui vous parleront de l’angoisse que causent les examens ministériels pour les matières à diplomation à la fin du primaire et du secondaire. La réussite de ces évaluations est si urgente qu’elle éclipse même les notions qu’elle évalue.

En d’autres mots, je suis tristement persuadé que ce qui motive la majorité des élèves à venir à l’école est la réussite – souvent celle qui mène éventuellement à une rémunération salariale – et non à la valeur des apprentissages qu’ils font. Cette motivation est souvent nourrie lorsque leurs parents leur réclament de bons résultats au-dessus du seuil de réussite – et souvent au-dessus de la moyenne. Le parent d’un élève en difficulté pourrait alors sciemment blâmer le temps perdu à l’ajout de connaissances non évaluées dans un cours que son enfant échoue.

Bref, je crois que si on prenait de temps à autre une dizaine de minutes des cours des élèves du primaire et du secondaire pour leur enseigner un tout petit élément culturel, on devrait se battre contre l’ineptie et contre les représailles des parents, et ce, malgré toutes les vertus de la culture générale. Certains enseignants pourraient le faire quand même, mais lutteraient contre l’intimidation intellectuelle dans leur classe et contre le nivellement vers le bas que cause la sacralisation de la réussite.
Ne voulant pas être contrarié, j’obtempère moi-même à la loi du statu quo. Et les ânes continueront d’être rois.

samedi 16 avril 2016

Freiner l’intimidation, c’est impossible

Par définition, intimider, c’est « inspirer à quelqu’un une crainte, un trouble qui lui font perdre son assurance ». C’est aussi « Remplir quelqu’un de peur en usant de la force, de menace ». (Source : Larousse)

Est-ce que vous vous rappelez de votre première présentation orale, en première année du primaire? Vous teniez très fort votre jouet favori entre vos mains, votre bouche devenait pâteuse, votre respiration s’accélérait, puis vous vous lancier en répétant ce que votre mère vous avait fait répéter sans cesse, la veille : « Je vous présente Poumpi. C’est mon toutou préféré. Poumpi est un joli koala que mon père m’a donné lorsque j’avais 3 ans. » Puis en répétant machinalement ces phrases, en une fraction de seconde votre regard s’est posé sur celui de vos confrères de classe et vous avez compris qu’ils étaient en train de poser un jugement sur vous… Et surtout, vous avez compris que vous ne pourrez jamais savoir la nature de ce jugement. Il pouvait être positif, négatif, gentil, méchant, il pouvait provoquer de la joie, de la peine, de l’envie, de la jalousie, etc. Et même si vos confrères de classe avaient dégagé la plus aimable des empathies, vous vous sentiez intimidés.

Votre assurance se dégonflait à vue d’œil malgré le fait que votre mère avait bien pris le temps de la gonfler à bloc la veille à grands coups de « Tu es le meilleur! Tout le monde va aimer Poumpi! Avec ton joli nœud papillon, tu vas faire chavirer le cœur des p’tites filles! ». Mais plus votre présentation avançait, et plus vous trouviez qu’Éric avait fait une meilleure présentation que la vôtre en présentant sa voiture téléguidée, plus vous trouviez que « Poumpi » était un nom ridicule pour un koala et plus vous trouviez que votre nœud papillon était disgracieux… et vert fluo.

Malgré tout, après votre présentation, votre enseignante vous a félicité et a souligné les efforts que vous aviez faits pour apprendre votre présentation par cœur. Pendant la récréation, Éric vous a demandé de vous prêter Poumpi pour le mettre sur sa voiture téléguidée et Marilyne vous a demandé si elle pouvait mettre votre nœud papillon dans ses cheveux (d’ailleurs, le vert fluo lui allait beaucoup mieux)! Vous aviez appris par vous-même à surmonter le sentiment d’être intimidé et je dirais que ça a fait de vous quelqu’un de plus fort.

À titre d’enseignant, je suis souvent témoin de cas mineurs d’intimidation. Exemple banal et assez générique : Durant un examen, un élève a volé la gomme à effacer de son voisin. Le voisin en question a laissé entendre un « Hey! » timide dans la classe silencieuse, ce à quoi le nigaud de brigand a répondu « arrête de brailler là! ».

Je sais que cette palpitante anecdote aurait pu faire une intrigue d’au moins une semaine dans Virginie, mais dans la réalité, l’événement est passé complètement inaperçu : trois élèves curieux se sont retournés, une élève dans le fond de la classe a lâché un long soupir, l’ami dadais du voleur a ricané comme un phacochère et la gomme à effacer a été mollement larguée sur le pupitre de son propriétaire faisant ouïr un léger « poc »…

Le voisin volé s’est probablement tu pour ne pas faire de vagues, mais je peux imaginer qu’il a réprimé un mouvement de colère : après tout, il venait d’être déconcentré pendant une évaluation de mathématique. Par crainte de conséquences (j’aurais pu lui demander de se taire, les autres élèves auraient pu à leur tour être déconcentrés, le voleur malpoli aurait pu continuer de le traiter de braillard, etc.). Se sentait-il intimidé pour une simple histoire de gomme à effacer? Probablement. Est-ce que l’entourage immédiat de la personne intimidée peut faire quelque chose pour contrer un tel genre d’événement? Je ne crois pas. La seule personne qui peut remédier à la situation, c’est la personne intimidée elle-même : en favorisant la discussion, elle peut faire comprendre ses sentiments aux autres… et elle doit le faire au bon moment, sans impulsivité.

Je sais qu’il existe des cas d’intimidation beaucoup plus sérieux que l’intimidation ressentie lors d’une présentation orale au primaire ou lorsqu’on se fait « sauvagement emprunter » une gomme à effacer pendant un examen. Je sais aussi que ces cas sont amplifiés sur les réseaux sociaux et même en dehors des heures de classe. C’est Sartre qui dit dans Huis clos : « L’enfer, c’est les autres. »
Je suis assez pessimiste en ce qui concerne les véritables intentions de la lutte à l’intimidation dans les écoles. Ne devrait-on pas lutter contre l’intimidation, point? Si l’intimidation entre adolescents est plus manifeste, l’intimidation entre adultes, elle, est beaucoup plus sournoise. L’intimidation des adultes, c’est celle de la comparaison des salaires, des grosseurs de maisons, des choix sociaux ou politiques. C’est celle de l’âgisme et de la difficulté à accepter les différences. C’est celle qui débute par un jugement agressif et par fermeture d’esprit se conclut par : « En tout cas, les goûts, ça ne se discute pas ».

Je trouve alors bien hypocrite de laisser croire aux adolescents que pendant toute leur vie, ils pourront dénoncer l’intimidation. Ils le pourront peut-être à l’école, car des dizaines de programmes et de comités seront mis à leur disposition, mais après… que pourront-ils faire? Ne pensez pas que je banalise la dénonciation, elle est essentielle évidemment, mais je me préoccupe de l’héritage que laissera une école aseptisée de l’intimidation.

Parce qu’un enseignant n’est pas un représentant de l’ordre public, je ne crois pas que ce soit son rôle d’enrayer définitivement l’intimidation. Je ne crois pas qu’il en a la capacité non plus. Par contre, il peut donner certains outils de défense contre l’intimidation : par exemple l’humour, le contrôle de l’impulsivité, la communication, la gestion des émotions, le développement du leadership positif, etc.

mercredi 13 avril 2016

Le prochain Bye bye sera réalisé par Simon-Olivier Fecteau

Je crois que mon rêve ultime serait d’être auteur sur un Bye bye. Sérieusement. Je sais que ça peut vous paraître banal comme rêve, mais vous n’avez pas idée à quel point j’aimerais faire ça. Je n’ai pas l’audace qu’a François Bellefeuille d’abandonner mon emploi pour aller étudier à l’école nationale de l’humour… Ce rêve surpasse :
  • Être millionnaire ;
  • Apprendre à voler ou respirer sous l’eau ;
  • Être moins roux ;
  • Mettre mes doigts dans une prise électrique.
Bon… c’est vrai que beaucoup de choses surpassent le fait de se mettre les doigts dans une prise électrique, mais vous comprenez quand même le concept. Être co-auteur sur un Bye bye, je trouverais ça extraordinaire!
[J’escamoterai ici un passage très ordinaire de mon texte qui raconte que je faisais des Bye bye avec mes amis au primaire. C’était vraiment trop quétaine et rappellerait de mauvais souvenirs à mes anciens enseignants.]
On a appris aujourd’hui que c’est Simon-Olivier Fecteau qui réalisera le prochain Bye bye, donc qui laissera probablement la place à une toute nouvelle mouture de comédiens et d’auteurs… si bien que je me suis demandé : qui ferait partie de mon équipe de rêve pour un Bye bye? On ne sait jamais, peut-être que Simon-Olivier lira mon blogue et sera inspiré de mes idées… On ne sait jamais, peut-être osera-t-il même me choisir comme co-auteur parce que j’ai écrit ce billet! On ne sait jamais… peut-être que des ailes et des branchies me pousseront en fin de semaine pour que je puisse enfin voler et respirer sous l’eau… Bof… Non…
Bref, pour jouer le jeu… Une équipe de rêve pour une Bye bye.
Les auteurs : À mon avis, ça prend de la diversité. Un bon Bye bye sait plaire à tous les groupes d’âge, tous les publics (humour noir, humour burlesque, humour parodique, etc.). C’est pourquoi je choisirais : Martin Cloutier, Jean-François Mercier, Guy A. Lepage, Louis T., Sylvain Larocque et Simon Cohen. Je donnerais la script-édition à… François Avard. Qui d’autre?
Les comédiens : Pour l’exercice, je tenterai une toute nouvelle équipe (par rapport à celle de l’an passé), mais je crois qu’en pratique, j’aurais repris certains comédiens qui ont fait le Bye bye l’an passé. Alors je choisirais : Stéphane Rousseau, Léane Labrèche-D’or, Yves P. Pelletier, Anthony Kavanagh et Anne Dorval.
Je suis certain qu’Anne Dorval ferait une bonne Nathalie Normandeau en tôle, que Stéphane Rousseau ferait un bon Sam Hamad en procès, qu’Yves P.Pelletier ferait un bon PKP troublé par les Panama Papers, que Léane Labrèche-D’or ferait une bonne Marie-Mai qui se sépare et qu’Anthony Kavanagh ferait un bon Louis Morissette!!

samedi 9 avril 2016

Si on discutait révérencieusement de désobéissance civile…

Les dernières négociations dans le secteur public m'ont permis de mieux comprendre certains rouages d'une négociation : autant en ce qui a trait aux obstacles (nécessaires) qui ralentissent le processus de négociation (moyens de pression, rencontre des membres, points de presse, etc.) qu’à la fragilité de l'opinion publique.

Dans le secteur de l’éducation, les dernières négociations se sont déroulées concomitamment avec la mobilisation citoyenne : « Je protège mon école publique » (http://jpmep.com/). Plusieurs citoyens (notamment beaucoup de parents) ont fait des chaînes humaines autour des écoles primaires et secondaires de leur secteur afin de dénoncer les coupes dans le domaine de l’éducation. Une grande partie de la population se rangeait donc derrière les enseignants : chose plutôt rare quand on observe les quelques dernières négociations dans ce domaine.

Les négociations maintenant terminées dans le secteur public, je me demande pourquoi, pendant que se déroulent les moyens de pression et les journées de grève, nous ne discutons jamais de désobéissance civile. Quand une impasse se présente pendant la négociation, peu importe la fonction, les syndicats ont le devoir d’augmenter les moyens de pression de manière graduelle. Cependant, après avoir fait la grève du zèle, après avoir fait des journées de grève, bref après avoir fait tous les moyens de pression légaux, si le gouvernement décrète une loi spéciale, la désobéissance civile ne s’agit-elle pas d’un moyen de pression ultime? Si oui, pourquoi n’en parle-t-on pas révérencieusement avant d’être devant le fait accompli, étant donné que nous sommes, je crois, très peu renseignés sur le sujet. Notre méconnaissance du sujet nous pousse trop souvent à basculer vers la peur dès que les mots « grève » et « illégale » sont prononcés dans la même phrase. Quels sont les impacts de la désobéissance civile? Y a-t-il des exemples de désobéissance civile qui ont mené à des victoires ou des gains?

Malheureusement, on associe à tort la désobéissance civile à des casseurs et à la violence, mais si on s’attarde à sa définition et à ses grands défenseurs (Henry David Thoreau, Léon Tolstoï, Mohandas Karamchand Gandhi, Martin Luther King), il est important de comprendre que la désobéissance civile se doit d’être pacifique, publique et conséquente.

« La désobéissance civile désigne une violation publique, pacifique et conséquente, d’une loi, d’un ordre de Cour, d’une règle institutionnelle ou d’un ordre provenant d’une personne en autorité, violation qui heurte les convictions profondes d’ordre religieux, éthique ou politique d’un citoyen, qui veut respecter la priorité de sa conscience et éventuellement contribuer à changer la loi, la règle ou l’ordre social. » Source : DURAND, GUY. La désobéissance civile et nous. Fides. 2013.
Il existe des exemples de désobéissance civile au Québec et au Canada. À titre d’exemple, le docteur Henry Morgentaler pratiquait ouvertement des avortements illégaux dans les années 70. Ses convictions pro-choix et sa volonté de faire changer la législation de l’époque primaient sur la loi. Jusqu’à ce que la loi soit déclarée inconstitutionnelle en 1988, Morgentaler a subi plusieurs procès pour lesquels il fut acquitté.

En 1972, la grève du front commun a mené à l’arrestation des trois principaux chefs syndicaux. Le premier ministre Robert Bourassa suspend le droit de grève de 210 000 travailleurs, ce que les dirigeants syndicaux ont refusé en incitants leurs membres à ne pas respecter l’injonction. Le 8 mai 1972, les chefs syndicaux ont été condamnés à 12 mois de prison et ont été libérés 17 jours plus tard afin de terminer les négociations. Conséquents, Louis Laberge, Marcel Pepin et Yvon Charbonneau ont fini de purger leur peine, après une entente de principe qui procurera toutefois des gains importants aux syndiqués.

http://www.lignedutemps.org/#evenement/31/1972_front_commun_intersyndical

Kohlberg (1927-1987) divise l’acquisition du développement moral de l’enfant en six stades. Le premier stade est celui de la punition : l’enfant évite les punitions. Le deuxième stade est celui de la punition, mais inclut la notion de récompense : non seulement l’enfant évite les punitions, mais il comprend que ses bonnes actions peuvent être récompensées. Le troisième stade, qui s’acquiert chez le jeune adolescent est celui des relations interpersonnelles : l’adolescent est conscient que ses gestes sont jugés par les autres ; il se demande ce que les autres vont penser de lui. Le quatrième stade est celui du maintien de l’ordre social : la loi, c’est la loi, et ce, peu importe ses convictions sociales. Le cinquième stade est celui du contrat social : l’individu se sent engagé par rapport à ses semblables. Le dernier stade, le sixième, est celui des principes éthiques universels : l’individu établit son propre jugement moral qu’il appuie sur des valeurs éthiques universelles (égalité des droits, courage, honnêteté, respect du consentement, nono-violence, etc.). Il est en mesure de juger bon un geste illégal ou au contraire de juger mauvais un geste légal. Selon Kohlberg, seulement 13% des adultes atteindraient ce stade.

Le lien est étroit avec la désobéissance civile, mais le dernier stade de Kohlberg me rappelle l’expérience de Milgram : https://www.youtube.com/watch?v=FvkvRMXtrAo

Je me doute bien fortement que les discussions autour de la désobéissance civile continueront de provoquer des sentiments de peur et des discussions fermées… Dans son livre « La désobéissance civile et nous, Guy Durand décrit probablement pourquoi : « Il y a une propension de toute société à l’inertie, et à la loi et l’ordre. Il y a une tendance de tout citoyen à la soumission et à la pensée unique. Tendance accentuée par l’affirmation millénaire des prêtes, rois, seigneurs féodaux, patrons et compagnies industrielles et parents que l’obéissance est une vertu et la désobéissance un vice. » Source : DURAND, GUY. La désobéissance civile et nous. Fides. 2013.

dimanche 27 mars 2016

Si Escher avait fait du vidéoclip

Maurits Cornelis Escher (1898-1972) était un artiste néerlandais qui s'inspirait des mathématiques pour faire ses œuvres. On le connaît surtout pour ses dallages.

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Les probabilités que je tombe sur le vidéoclip de Jain, une artiste française, étaient très faibles. Premièrement, rares sont les personnes qui syntonisent Musique Plus... Deuxièmement, rares sont les vidéoclips à Musique Plus. Ça fait beaucoup de rareté... mais ça c'est un autre sujet.

Quelle belle recherche! Et ça passe à Musique Plus! Bon... je ne dis pas que seulement des inepties sont diffusées à Musique Plus, mais disons qu'on est loin des soeurs Kardashian!

Voici quelques références se trouvant de le vidéoclip :

1. Le triangle de Penrose (fils)
Il s’agit d’une figure triangulaire impossible conçue par le mathématicien Roger Penrose, né en 1931 (et à qui on doit aussi d’autres objets impossibles). Dans la réalité, une cassure dans la structure est nécessaire afin de la fabriquer et il est possible de la voir dans un seul point de vue. Cette animation nous permet de mieux comprendre. Escher a utilisé le triangle de Penrose dans plusieurs de ses œuvres.


2. L'escalier de Penrose (père)
L’oeuvre « Montée et descente » d’Escher s’inspire de la conception du généticien Lionel Penrose (1898-1972), père de Roger Penrose. Il s’est lui-même inspiré du triangle que son fils avait conçu.

3. Les échecs
Sandro del Prete est un artiste suisse souvent comparé à Escher. La scène où Jain joue contre elle-même aux échecs rappelle à la fois l’oeuvre de Sandro del Prete et les mains soigneusement placées peuvent rappeler les « Mains dessinant » d’Escher.
Il s’agit là d’un bien curieux hasard, mais le frère de Penrose est un célèbre joueur d’échecs.

4. Dessin 3D anamorphique
Beaucoup d’artistes font ce genre d’œuvres éphémères. Joe Hill en est un parmi tant d’autres. Tout comme la construction du triangle de Penrose, celui qui observe l’anamorphose doit se trouver à un endroit bien singulier afin de bien saisir l’illusion.


Voici d’autres anamorphoses qui sauront sans doute vous fasciner!

mercredi 9 mars 2016

C'est décidé, je recommence!

Récapitulation des faits : Lorsque j'étais en première année du primaire, je disais à mon enseignante qu'un jour, j'étais pour être écrivain. Pas prétentieux pour deux sous le kid... surtout que je ne connaissais pas encore les rouages de la langue française! Je me souviens que mes parents jubilaient et trouvaient ça très motivant. J'écrivais très souvent : encore plus au secondaire. Plusieurs de mes enseignants m'ont donné des travaux qui m'ont donné la piqûre de l'écriture... j'ai même songé à devenir journaliste.

Je suis maintenant enseignant au secondaire en mathématique depuis dix ans. Avant de l'être, j'ai étudié en enseignement des mathématiques au secondaire à l'Université du Québec en Outaouais. Je me souviens que mes professeurs de stage nous disaient qu'il était très profitable pour les enseignants de colliger les événements qui marquaient leur profession. À cette époque, la mode était aux forums de discussions. J'ai commencé ma carrière et j'ai pensé qu'il serait profitable pour la communauté enseignante que je partage certaines anecdotes qui parsemaient le début de ma carrière, alors je l'ai fait dans un blogue : ce phénomène était assez nouveau et je pensais, à ma façon, révolutionner le monde de l'enseignement. Pas prétentieux pour deux sous le kid... 

Mais en faisant ce blogue, j'ai fait de terribles gaffes de débutant. J'ai remis en question le travail de certains de mes collègues et patrons. Comme j'écrivais mon blogue de manière anonyme (sous le pseudonyme de « Monsieur A »), je me disais que je pouvais relater n'importe quoi, tant que je ne nommais pas de noms. Mais ma plume trop souvent pointue piquait à la fois les cœurs sensibles des uns et la curiosité des autres, si bien que j'ai eu des rencontres très sérieuses avec mes patrons et suite à ces rencontres, j'ai pris la décision de fermer mon blogue et de ne plus jamais diffuser quoi que ce soit de manière publique. Je me suis complètement effacé de la sphère web : je googlais mon nom tous les jours, j'écrivais à plusieurs administrateurs de forums d'effacer tout ce que j'y avais écrit, j'ai fermé mon compte Facebook (Facebook commençait à peine) et j'ai contacté Google afin qu'ils suppriment certains liens qui s'affichaient lorsqu'on y mettait mon nom dans la recherche. 

Cependant, l'envie d'écrire que j'ai toujours eue ne s'est jamais dissipée. Je me suis reconnecté à Facebook et j'écrivais souvent des statuts qui faisaient rire mes connaissances. Puis mes statuts sont devenus de plus en plus longs. Puis j'ai écrit ce texte au journal Le Droit qui a totalisé 406 partages sur Facebook. Et je me suis résigné : je recommence un nouveau blogue. Cependant, soyez certains que je ne parlerai jamais directement de mon emploi : aucune anecdote ne concernera mes élèves, mes collègues ou ce qui se passe dans mes cours! Je me suis d'ailleurs promis de respecter ces règles simples en ce qui a trait à mon blogue : 

  1. Ce qui se passe à mon lieu de travail restera à mon lieu de travail : je ne relaterai aucune anecdote, aucun fonctionnement scolaire qui concerne mon école précisément. Je me permettrai de parler d'éducation, de faire des liens avec des textes que j'ai lus, des entrevues que j'ai vues, etc., mais lorsque je parlerai d'éducation, ça sera de manière générale sans jamais faire allusion à mon propre milieu de travail. 
  2. Je ne parlerai pas de mon environnement: j'écrirai des textes dans lesquels je partagerai peut-être mon opinion, mais qui ne feront jamais référence à mon entourage. 
  3. J'assumerai que tout ce qui se trouve ici est public : je ferai la part des choses lorsqu'on me parlera de mon blogue et je serai conscient que plusieurs personnes peuvent me lire. De plus, j'assumerai toutes les critiques et discuterai avec les gens. 
J'espère sincèrement que vous aurez du plaisir à me lire. J'ai déjà quelques idées de billets! En plus des trois règles d'éthique que je m'impose, je me garde le droit de rester moi-même! 

À plus! 

Anthony