lundi 23 mai 2016

Riche pour vrai

Dans un de mes derniers billets, je disais que je ne voulais pas former des carriéristes. Si je résume, je trouve ça désolant de voir mes élèves se laisser dominer par la « doctrine » : Plus tu as du succès, plus tu seras riche… et inversement, si tu es riches, ça veut donc dire que tu as du succès.

Puis quelques jours plus tard, Zviane, une de mes bédéistes préférées écrivait « Combien rapporte le plus cool métier du monde? ». Dans ce billet, elle explique d’où provient sa rémunération – qui disons-le, est très modeste. Elle dit : « Chacun ira de son sentiment personnel, mais pour moi, je crois que je fais assez d’argent. J’ai pas de difficulté à manger ou à payer mon loyer. Et moins tu te fais payer, plus tu es libre! » Wow! Ça c’est inspirant! Disons que c’est tout un contraste avec ce que j’observe dans mes classes…

Quelqu’un (Nunumi) a écrit dans les commentaires : « Y’a une chose que j’ai réalisé y’a pas si longtemps, c’est que quand tu fais ce que tu aimes vraiment dans la vie, la vie te coute moins cher. »

Ça pourrait faire une belle affiche dans ma classe!

samedi 21 mai 2016

Pensée impure – Bal des finissants

Si le bal des finissants se veut une fête pour symboliser le passage à l'âge adulte, ne devrait-on pas profiter de ce dernier moment pour vivre à fond la fin de notre enfance en allant se balancer dans un parc, en buvant de la Slush à la gomme balloune, en faisant du bricolage, en lançant des ballounes remplies d’eau par terre, en faisant une chasse aux trésors, en chantant des comptines bruyamment, en faisant des châteaux de sables et en se rappelant de la joie intense que provoquait la sortie de ce parachute.

dimanche 15 mai 2016

Je ne veux pas former des carriéristes

La vision rectiligne de l’éducation carriériste me désole énormément. Je me suis souvent entendu dire à mes élèves, afin de les motiver, que l’éducation que je leur offrais était nécessaire pour avoir un bon emploi… que l’utilisation des nuages de points, de corrélations, de droites de régression … sera nécessaire dans des domaines des sciences humaines tels que la psychologie, le marketing… que l’utilisation de la fonction exponentielle sera nécessaire en finance, en biologie, en sociologie, etc.

Je fais la démonstration implicite, bien malgré moi, que l’apprentissage est une nécessité qui découle de l’obligation d’obtenir une rémunération. Que les connaissances acquises à la formation générale du secondaire servent d’abord à l’obtention d’un diplôme et d’une rémunération. Cette démonstration implicite est bien ancrée dans le système éducationnel québécois : on favorise la démonstration de l’utilité d’une connaissance au détriment de la connaissance elle-même. Si bien que lorsque j’enseigne une nouvelle notion à mes élèves, j’ai toujours l’impression que je dois m’armer de tous les exemples d’applications au cas où un élève me poserait la question inévitable : « À quoi ça sert, monsieur, d’apprendre ça? »

C’est un peu comme lorsqu’on brandit une carotte devant un cheval pour le faire avancer, sauf que la carotte a été substituée par une carrière remarquable et surtout payante. On admettra qu’au fond, on est un peu en train de dire à l’élève que s’il apprend comment isoler une variable dans une équation exponentielle, il pourra se payer toutes les pacotilles qu’il désire avec la richesse que lui procurera son emploi. On forme ainsi, à mon avis, une population qui n’a comme seule ambition que son propre avancement professionnel.

On ne met pas assez l’accent sur le fait que l’école ne devrait être qu’un tremplin sur l’apprentissage : un petit coup de pouce qui aidera ces jeunes adultes à être curieux, à lire, à visiter, à créer, à décider, etc. J’aimerais pouvoir répondre à mes élèves que les concepts qu’ils apprendront tout au cours de leur vie leur permettront de faire des choix éclairés.

Apprendre, ça ne s’arrête pas à l’obtention d’un diplôme. Apprendre, c’est se départir des cloisons que nous imposent certains cadres. Apprendre, c’est être libre.


mercredi 11 mai 2016

« À quoi ça sert monsieur, d’apprendre ça? »

« À quoi ça sert monsieur, d’apprendre ça? » J’imagine souvent la réponse que je pourrais servir à cet élève, avec sarcasme :

Grâce à cette connaissance, tu pourras obtenir un diplôme d’études secondaires. Celui-là te permettra d’aller au Cégep, puis de faire d’autres apprentissages pour obtenir un autre diplôme qui te permettra d’entrer à l’Université et d’obtenir un autre diplôme. Ce diplôme te permettra d’avoir une bonne carrière.

Grâce à cette connaissance, tu monteras lentement les échelons de ton emploi, puis tu deviendras plus important : d’abord conseiller, puis adjoint administratif, puis patron. Tu feras beaucoup d’heures supplémentaires et ça te permettra de gagner beaucoup d’argent. Tu t’achèteras une belle voiture prestigieuse qui gonflera ta confiance, tu déménageras dans une plus grande maison, tu auras des enfants et un gros berger allemand.

Mais rapidement tu t’essouffleras au travail et décideras d’en faire un peu moins. Tu constateras vite que cela sera impossible compte tenu du prêt pour la voiture luxueuse et de l’hypothèque de ta maison trop grande… et tu ne voudras pas t’en défaire. Parce que tu ne seras plus jamais à la maison, tu feras euthanasier le berger allemand suite à des difficultés rénales dû à une ingurgitation de gros sel qu’on met sur les trottoirs l’hiver et tes enfants ne te le pardonneront jamais.

Au moins une fois par année tu recevras pour souper le « Big boss » de Toronto avec sa charmante épouse. Tu porteras ton plus bel habit, une chemise blanche bien repassée et des souliers vernis qui te donnent mal au dos. Vous boirez une bouteille de Gevrey-Chambertin bouchonnée sans vous en rendre compte et vous le trouverez délicieux. Vous en boirez même une deuxième, puis une troisième. Vous parlerez avec prétention des gens qui gagnent moins d’argent que vous. Vous rirez la bouche pleine, mais avec classe. Ivre, tu feras une remarque déplacée sur le décolleté de l’épouse de ton patron, puis ils quitteront votre demeure contrariés.

Tu seras congédié et trouvera un emploi plus modeste. Ta femme te quittera puisque ta carrière ne sera plus à la hauteur de ses ambitions. En attendant ta retraite, tu te contenteras d’un emploi qui ne te passionne pas et qui te demande beaucoup de temps.

Au moins, grâce à cette connaissance, tu feras de l’argent. Tu commanderas du poulet rôti pour souper presque tous les soirs de semaine et tu regarderas les nouvelles sans trop comprendre la moitié des enjeux, en mangeant les frites froides et le demi-pain hamburger que tu avais laissés trainer en soupant. Tu vas commencer à faire du ménage une fois toutes les deux semaines, le jeudi précédant la visite de tes enfants.

Tu vas t’asseoir à la table de la cuisine pour aider ton plus vieux à faire ses devoirs et il te demandera : « P’pa, à quoi ça sert d’apprendre ça? » et tu lui répondras : grâce à cette connaissance, tu auras le privilège de ne plus jamais apprendre.

dimanche 1 mai 2016

Option nationale et les sophismes

Option nationale a fait de courtes séquences explicatives de certains sophismes mentionnés dans le débat publique. Quand la politique est pédagogue, je la trouve très saine, alors je trouve très pertinent de partager ces vidéos.