dimanche 2 octobre 2022

L'importance des notes de cours

    La prise de notes de cours est un des éléments fondamentaux d’une bonne stratégie d’apprentissage. Lorsqu’elles sont prises avec rigueur, qu’elles sont personnalisées par l’étudiant (en faisant ressortir les éléments les plus difficiles, à titre d’exemple, ou en ajoutant un rappel, etc.), et qu’elles sont régulièrement consultées lors de la mise en pratique de la matière, elles représentent un outil qui facilite l’intégration des apprentissages. Bien sûr, il en va de soi qu’elles deviennent complètement inutiles si elles ne sont jamais consultées.

Ce cahier de notes de cours a été conçu en s’inspirant du système de prise de notes Cornell (conçu par Walter Pauk dans les années 1950 à l’université Cornell, d’où son nom). Habituellement, cette méthode se fait à partir d’une page blanche que l’on divise manuellement. Ici, les pages ont déjà été divisées en deux sections : la partie principale (à l’intérieur du cahier) et la partie extérieure (Questions et ajouts).

Le principe de la méthode Cornell est assez simple. La première étape consiste à prendre les notes en même temps que l’enseignant (dans des cours moins appliqués que les mathématiques, l’élève peut faire une liste à points des éléments importants soulevés par l’enseignant). La deuxième étape consiste à relire (dans un laps de temps très court, ne dépassant pas 24 heures) les notes de cours et à formuler des questions qui évaluent la compréhension de la matière. Finalement, au bas de la page, l’élève fait un court résumé de chacune des pages (ce résumé pourrait aussi se retrouver sur un « post-it » ajouté à chacune des pages).

Lors de la révision, à la fin d’une séquence d’apprentissage (à la fin d’un chapitre, mais aussi à la fin de l’année scolaire), l’élève peut donc cacher la partie principale de la page à l’aide d’une feuille et répondre aux questions (ou aux notes, ou aux mots-clés) qu’il avait écrites. Lorsqu’il fait face à une difficulté, il peut retourner voir dans la section principale de ces notes de cours.

Permettons-nous ici de citer une partie de l’article « Modestes contributions à la réussite scolaire[1] » de Normand Baillargeon sur les techniques utilisées pour étudier :

Comment étudier?

Une intéressante synthèse de ce qu’on sait des techniques d’étude des étudiants, surtout américains, vient d’être publiée […]. On y apprend qu’ils étudient le plus souvent mal ou très mal, qu’ils utilisent des techniques peu ou pas efficaces et qu’ils n’utilisent pas ou guère des techniques efficaces ou très efficaces – et cela vaut aussi pour nombre de ceux et celles qui ont des parcours scolaires brillants et qui accèdent à des programmes convoités. Ces personnes auraient donc sans doute pu faire mieux en travaillant moins!

 Les techniques examinées sont évaluées selon ce qu’en dit la recherche sur les quatre variables suivantes :

 1.     Conditions et environnement d’apprentissage. Par exemple, apprend-on seul ou en équipe?

2.     Caractéristiques des étudiants : âge, habiletés, savoirs préalables.

3.     Critères d’évaluation : rappel, résolution de problème, compréhension.

4.     Contenu, allant de simples concepts à des sujets et des problèmes plus complexes.

 Les dix techniques étudiées et leur impact

Les dix techniques d’étude suivantes sont examinées dans cet article. J’en donne au besoin une description très sommaire et vous invite à retourner à l’article pour en savoir plus. Pour le moment : comment évalueriez-vous chacune de ces techniques? La diriez-vous peu efficace, modérément efficace ou très efficace?

 1.     Interrogation/élaboration. Cela consiste à se poser à soi-même des questions qui demandent de fournir des explications élaborées et y répondre.

2.     Autoexplication. C’est une variante de la stratégie précédente ; elle consiste à s’expliquer à soi-même durant l’apprentissage des processus, des concepts, des idées.

3.     Rédaction de résumés.

4.     Lecture avec surlignage ou soulignage.

5.     Mnémotechnique du mot-clé. Les Grecs la pratiquaient déjà! On associe un mot à apprendre, par exemple xièxiè (qui signifie merci en mandarin) à un mot similaire de la langue connue (scié, scié).

6.     Recours à des images mentales que l’on se construit pendant la lecture d’un texte.

7.     Relecture – lors de la préparation à un examen.

8.     Évaluation formative, en classe ou faite par soi-même et qui ne compte pas ou très peu dans la note finale.

9.     Pratique échelonnée ou répartie : on étudie en une série d’essais successifs entre lesquels on laisse un intervalle de temps – et pas juste avant l’épreuve.

10.   Pratique entrelacée. On étudie un peu de chaque matière à la fois, plutôt que de consacrer de longues sessions d’étude à une seule.

Les techniques 3, 4, 5, 6 et 7 – avec toutes les nuances qui s’imposent – ont été classées peu efficaces. Les techniques 1, 2 et 10 sont efficaces et prometteuses. Mais ce sont les techniques 8 et 9 qui remportent la palme.¸

On peut en tirer quelques enseignements.

Pour commencer, il semble raisonnable de penser qu’ici comme ailleurs, nombre de nos étudiants procèdent comme ceci : après avoir mal pris des notes de cours, ils lisent en surlignant les textes devant être lus. Ils y reviennent avant l’examen et les relisent en portant une attention particulière aux passages surlignés ou soulignés. Bref : ils utilisent surtout des techniques peu efficaces!

Que faudrait-il leur proposer?

 Baillargeon nous pose ici une question bien intéressante. On vous propose donc de miser sur les stratégies de préparation qui sont efficaces. Ce document se veut un outil permettant l’interrogation, l’élaboration afin que l’élève soit en mesure de se poser des questions et qu’il développe le réflexe de s’autoexpliquer des notions.

Sans oublier le fait qu’une pratique échelonnée est essentielle. Elle permet de mettre moins de temps, mais de façon régulière, sur l’apprentissage qu’on a fait. En effet, en plus d’être très désagréable, le « bourrage de crâne » sous pression n’a rien d’efficace : il ne permet pas d’intégrer les apprentissages à long terme et de faire des liens avec les apprentissages antérieurs.



[1] https://www.ababord.org/Modestes-contributions-a-la

 

Pour en savoir plus :

Walter Pauk et Ross J. Q. Owens, How to study in college, Wadsworth Publishing, 11e édition, Boston, 2013. Il existe également un site web : http://howtostudyincollege.com

 

John Dunlosky et coll., « Improving Students’ Learning With Effective Learning Techniques : Promising Directions From Cognitive and Educational Psychology », Psychological Science in the Public Interest, janvier 2013, p. 4-58.

mercredi 28 septembre 2022

Laver ses champignons sales en famille

« Il ne faudrait pas que mes invités sachent que je suis en train de laver les champignons à grande eau plutôt qu’avec un petit chiffon doux. »

C’est dire à la fois à quel point je n’aime pas la confrontation et à quel point les gens sont polarisés. En même temps, c’est une position que je pourrais totalement assumer : je lave mes champignons à grande eau froide. C’est beaucoup plus facile de déloger les petits grains de terre qu’avec un chiffon doux qui, la plupart du temps, effectue un travail bâclé.

Je n’ai jamais compris pourquoi il ne faut pas laver les champignons à grande eau. D’abord, les champignons sont constitués à 93% d’eau, ils poussent à l’humidité et deuxièmement, aussitôt cuits, je verse généralement de l’eau ou un bouillon pour en faire une sauce ou un bouillon.

J’écris les lignes en sachant très bien que certains d’entre vous auront un lot de « oui mais » à me servir : « oui mais si tu les manges crus, ce n'est pas pareil », « oui mais c’est différent avec tel ou tel type de champignons », « oui mais… »... 



lundi 26 septembre 2022

Jambon blanc

C’était le premier jour de mes vacances. C’est le matin et je marche jusqu’à l’épicerie dans le but de m’acheter un ensemble à confection de sandwich jambon beurre. Il n’y a rien de snob dans un sandwich jambon beurre sauf son nom. Mais en même temps, quand on dit « sandwich au jambon », on dirait que ça implique de la moutarde. C’est pas mauvais, mais c’est pas un sandwich jambon beurre. Là n’est pas le propos.

-      Bonjour! Je vais vous prendre 300 g de jambon blanc de la ferme Moreau, tranché très mince!

S’en suit ici une chorégraphie connue et habituelle d’exposition et de confirmation d’exactitude d’épaisseur de tranche de jambon, au loin. Ça me semble parfait. La dame me sourit en emballant mon trésor porcin.

-      Ça va être tout?

-      Oui, merci!

-      Bon vent!

Bon vent...

Ça doit bien être la première fois qu'on me souhaitait ça.

Ça commençait bien les vacances!



dimanche 25 septembre 2022

La définition de la folie

Le principal avantage des offres de formations et de conférences que nous avons tout au long d’une année scolaire est qu’elles nourrissent nos discussions et nos réflexions et parfois même nos discussions et nos réflexions estivales.

Un des conférenciers que nous avons eus au courant des deux dernières années répétait souvent cette question :

« Quelle est la définition de la folie? La folie, c’est de refaire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent. »

Puis je me suis questionné sur cette maxime. D’abord, en quelques « clics » je me suis rapidement rendu compte que cette phrase est très populaire dans le domaine de l’entrepreneuriat. On retient facilement la question, la formule est assez percutante et son message entre les lignes est plutôt porteur de sens positif, car il met de l’avant l’importance de se remettre en question en tout temps. Bonus de notre formateur : il précise que c’est une question que l’on attribue à Einstein. De bonnes valeurs véhiculées par Einstein : impossible d’être contre cet adage.

Durant les vacances, je me suis adonné à jouer au poker avec des amis et durant la partie, alors que j’étais en train de perdre, je me suis dit que cette phrase ne s’appliquait pas au poker. Je peux effectivement jouer toujours de la même manière au poker et m’attendre à des résultats différents. Non seulement je dois me remettre en question, mais je dois aussi prendre en considération que ma façon de jouer sera influencée par les autres et surtout… par le hasard!

Je suis allé rendre visite à un ami qui me disait qu’il avait de la difficulté avec ses carottes cette année : un vilain lapin s’est occupé de sa récolte... Il a pourtant procédé exactement de la même manière que l’an dernier et il n’obtient pas le même résultat. Puis après, je me suis mis à y réfléchir et il y a une multitude d’exemples où l’on fait exactement la même chose en ayant des résultats différents. Lancer un dé, préparer notre dessert préféré, calculer le temps que l’on prend pour marcher ou courir une certaine distance, etc.

Est-ce qu’Einstein lui-même se serait trompé?

En fait, c’est tout simplement qu’Einstein n’a jamais dit ça[1]. C’est à Rita Mae Brown, une scénariste américaine à qui l’on doit plutôt cette citation : « Unfortunately, Susan didn't remember what Jane Fulton once said, 'Insanity is doing the same thing, over and over again, but expecting different results », inspirée elle-même d’une citation répétée dans les ateliers d’alcooliques anonymes dans les années 80 : « When I came into the program, I heard that insanity is doing the same thing over and over and expecting different results »… et ça donne donc une toute autre perspective à la phrase.




lundi 6 juin 2022

Souvenir - Une blague


-          Monsieur, c’est quoi le numéro?

-          Quel numéro?

-          Ben le numéro là, avec la matière qu’on a vue avant dans l’année.

-          On est au moins de juin, on en a vu de la matière dans l’année.

-          Monsieur là, vous savez! Le numéro sur la matière qu’on a vue avant dans l’année sur la situation là, je ne me souviens pas trop bien…

-          On dirait une blague de Jean-Thomas Jobin.

-          (Outrée) Jean qui?

-          Jean-Thomas Jobin, c’est un humoriste.

-          (Encore plus outrée) C’EST QUI MAURICE?!?



dimanche 29 mai 2022

Écrire des mots dans le nuage - Pommes de terre

Quand on parle de fléau dans le monde de l'éducation, personne ne parle des pommes de terre à déjeuner. Voici une note ajoutée au dossier de Jim et Bertrand [noms fictifs] : 

Bien que l'agenda ne stipule pas précisément l'interdiction de manger des pommes de terres à déjeuner et bien que les pommes de terre à déjeuner servies à la cafétéria de notre école soient assaisonnées et dorées à la perfection, il est quand même interdit de manger en classe durant les périodes de classe.

Au tout début de la deuxième période, Jim arrive en classe avec son bol stiromousse de féculent délicieux et je lui ai fait part de la mauvaise nouvelle : qu'il ne pourra pas manger ses pommes de terre. Il part à 10h33 (Bertrand le suit sans permission) et les deux reviennent à 10h47.

Je n'ai pas trop bien compris pourquoi Bertrand avait besoin de tenir compagnie à Jim durant l'ingurgitation de pommes de terre... Peut-être que Jim avait du mal à tenir son bol de pommes de terre. Bertrand m'a dit que c'était pour parler du projet ensemble... j'ai du mal à croire à cette hypothèse quand j'ai vu le travail élaboré durant la période qui a suivie...



vendredi 27 mai 2022

Gamme vestimentaire

 Puisqu'il est très d'actualité de parler de la gamme vestimentaire, voici un petit Martine... 



jeudi 26 mai 2022

Meme - Moi mon élève

En rencontre après l'école... il n'est pas toujours facile de partager ses ennuis entre collègues... 



mercredi 25 mai 2022

Écrire des mots dans le nuage - Déchets

Cette année, deux élèves laissaient systématiquement trainer des déchets à leur place à la fin de leur cours. La méthode est simple : vous mettez le kangourou de la gamme scolaire et vous cachez un repas cinq services dans leurs énormes poches.

Des fois, ajouter des notes négatives aux élèves ne sert à rien. C'est pourquoi j'ai ajouté une note positive sous le thème "font preuve d'initiative" : 

Un merci tout particulier à Marie et Josée aujourd'hui qui ont travaillé ensemble à l'ordinateur.

Elles m'ont laissé un contenant de lait au chocolat vide derrière leur écran d'ordinateur.

Tout comme le chat rapportant des cadeaux vivants ou non à leur maître, elles répondent peut-être simplement et naturellement à leur instinct... Cependant j'ignore comment leur dire poliment que je n'apprécie pas réellement leurs déchets.

La prochaine fois, je serais éternellement reconnaissant qu'elles respectent la consigne de n'apporter en classe ni nourriture ni breuvage autre que de l'eau...




mardi 24 mai 2022

Journée de congé

 Il y a quelques jours, j'ai pris congé. Voici la trame sonore de ma journée : 

J'ai oublié de vivre - Johnny Halliday

Je n'aurai pas le temps - Michel Fugain

Avec le temps - Léo Ferré

J'sais bien pas pourquoi j'ai chanté ces chansons-là... 






lundi 23 mai 2022

Maëlle

 Vous recevez un courriel des parents de votre élève « Maëlle ».

  • Sur votre liste scolaire, son prénom est écrit « Maëlle », avec des trémas ;
  • Dans le courriel de la mère, son prénom est écrit « Maelle », sans trémas ;
  • Sur sa copie d'examen, Maëlle écrit son nom avec un trait d'union : « Ma-elle »... 
Vous vous demandez comment écrire son nom dans le courriel que vous envoyez, mais en même temps, vous comprenez pourquoi « Maëlle » est toujours mêlée.


* Veuillez noter que j'ai utilisé le nom « Maëlle » pour éviter que mon élève qui se prénomme Joëlle se reconnaisse. 



dimanche 22 mai 2022

Souvenir - De la colle

Les élèves étaient en train de travailler en silence et je répondais aux questions individuelles des élèves à l’avant, à mon bureau. Les connaisseurs diront que nous étions en train de faire un document préalable à l’examen.

Le silence est devenu un murmure, puis le murmure un gazouillement puis le gazouillement une symphonie de fausses notes. Finalement le vacarme. En bon chef d’orchestre, je claque des doigts en demandant au groupe de se concentrer sur son travail chacun pour soi. Un « S’il vous plait! » habilement cadencé avec quelques « Clac! » et « hop! » et le tour est joué : on retourne au silence. Ça fait un peu réducteur pour les élèves, mais même les meilleurs palefreniers ont leur cheval de Troie.

Deuxième vague. Le silence devient un murmure, puis finalement le vacarme – oui la deuxième vague est montée plus vite que la première, je sais... J’étais tellement concentré que je n’avais pas remarqué qu’Antoine s’était levé. Quand les élèves ont fait une erreur dans une démarche d’une demi-page, il est parfois extrêmement difficile de la trouver : c’est comme jouer à « Où est Charlie? » alors on tombe dans une espèce de transe où plus rien n’existe. Même le temps ralentit. On repère que l’élève a fait une erreur de signe en isolant une variable et tout revient à la normale. Bref, Antoine était debout, dans le fond de la classe et semblait distraire son collègue de classe.
- Antoine. Qu’est-ce que tu fais?
Le temps s’arrête à nouveau. Silence absolu. Les élèves regardent Antoine et Antoine me regarde, immobile comme un chevreuil sur le bord de l’autoroute. À la Jim Carey, il répond :
- Je mets de la colle.
Et il me montre un bâton de colle qu’il avait caché derrière son dos. Je ronchonne intérieurement. Impatient, je réponds :
- Tu mets de la colle sur quoi?
À la Guy A. Lepage dans la parodie de Génies en herbe, il répond en me montrant un crayon tout à fait ordinaire (caché aussi derrière son dos) :
- Sur ma baguette magique?
- Va t’asseoir!
Groupe hilare. Prof bougon.


Note : afin de ne pas préserver l'anonymat de l'élève, son prénom a été conservé tel quel. Salut Antoine!


samedi 21 mai 2022

Souvenir - S'asseoir par terre

J'ai réellement envoyé ce courriel à des parents, au mois de mai 2015 : 

Bonsoir,
 
Je prends le temps de vous écrire pour vous informer que [votre enfant] aura une reprise de temps dû à un événement particulier. Laissez-moi vous relater le fil des événements, aussi inattendus soient-ils, afin que vous compreniez pourquoi je n’ai d’autre choix que lui donner une conséquence.

Je demande toujours aux élèves de rester assis à la fin de la période, et ce, jusqu’à ce que la cloche sonne, car ils ont la fâcheuse habitude de rester debout devant la porte bloquant ainsi son accès. Je trouve que cette accoutumance manque de civisme et j’avise tous mes groupes de ce règlement au tout début de l’année.
 
Aujourd’hui, les élèves étaient debout devant la porte et je leur ai calmement mentionné qu’ils ne sortiraient que s’ils étaient tous assis à leur place. Ils ont obtempéré, sauf [votre enfant] qui a décidé – et ça ne s’invente pas! – de s’asseoir directement par terre, devant moi. Cette contestation déguisée en soumission impromptue m’a surpris et j’ai demandé illico à [votre enfant] de cesser ce jeu ridicule. Comme la cloche allait sonner d’une minute à l’autre et que je ne voulais pas garder tout le groupe dans la classe à cause des fantaisies de [votre enfant], je lui ai donné trois choix :

1. Qu’il retourne simplement s’asseoir à sa place sur une chaise.
2. Qu’il fasse preuve de galanterie en tenant la porte à ses collègues de classe jusqu’à ce que tout le monde soit sorti.
3. Qu’il ait une reprise de temps.

En sortant de la classe le premier, [votre enfant] a délibérément choisi la reprise de temps.

Entre vous et moi, et j’espère que vous en conviendrez, je trouve son choix discutable… J’espère pour vous qu’il ne fait pas la même chose dans des lieux publics!

Anthony Hart Dionne
Enseignant en mathématique et en multimédia.
P.-S. J’espère que ce courriel saura quand même vous faire sourire.


Note : afin de préserver l'anonymat de l'élève, son nom a été retiré de l'anecdote.


vendredi 20 mai 2022

Plagiat

Nouvelle technique de plagiat! Soyez attentifs! Gare au plagiat à l’heure du dîner!

Si un élève prend l’heure du dîner pour refaire son examen, il peut dîner en même temps. Sauf si son repas est copieux.



jeudi 19 mai 2022

Mes cheveux

Quand on est roux, on se fait parler de ses cheveux à peu près tous les jours. Quand on laisse pousser ses cheveux, on s’en fait parler souvent aussi, mais surtout par les gens qu’on n’a pas vu depuis longtemps, un peu comme la visite quand on était enfant : « Hon! T’as donc bien grandi! ». Dire que le small talk des gens normaux tourne autour de la météo…

J’ai les cheveux roux à cause du hasard de la génétique et j’ai les cheveux longs un peu à cause de la pandémie.

En 2011, dans le cadre d’une activité parascolaire, nous avions visité les studios de Radio-Canada et nous avions assisté au tournage de l’émission Tout le monde en parle. Je me souviens d’un invité, un élève du secondaire qui organisait une grande marche à Montréal contre l’intimidation. Ce soir-là, il y avait dans la foule deux roux et l’animateur de foule, durant la pause a eu la brillante idée d’aller interviewer les deux roux de la place pour parler d’intimidation.

-      Vous les gars, avez-vous été victimes d’intimidation quand vous étiez ados?

C’est l’autre qui a commencé. Heureusement pour moi. Il avait été victime d’intimidation et ça avait brisé une partie de son adolescence. Il a raconté quelques anecdotes où il se faisait dire « Hey le roux! » par des gens de son école et ça l’a amené à s’isoler. L’animateur de foule lui a demandé s’il avait des solutions et ce dernier avait répondu qu’on devait sensibiliser les gens afin de stopper l’intimidation sur la planète.

La pause publicitaire s’est terminée, alors l’animateur de foule n’a pas eu le temps de venir me questionner. Il aurait probablement été déçu d’apprendre qu’à l’adolescence, je n’ai jamais vraiment été victime d’intimidation. Me faire dire « Hey le roux! », ça arrivait chaque jour, mais je pense que l’éducation que j’ai reçue m’a appris à développer un bon sens de l’humour et de l’autodérision. Quand quelqu’un me lançait une blague sur les roux, si vulgaire soit-elle, je répliquais avec une blague encore pire et plus vulgaire que celle qu’on venait d’entendre. Pour vrai, j’ai vu des intimidateurs complètement déboussolés face à ce que je racontais.

Comme je m’impliquais dans plein d’activité parascolaire, j’avais un cercle d’ami assez solide et diversifié et je pense bien humblement que j’ai su leur démontrer que ma gentillesse et mon énergie comique éclipsaient la couleur de mes cheveux.

Imaginez si mon homologue dans la foule de Tout le monde en parle avait été victime du cancer. Est-ce que sa solution aurait été de sensibiliser les gens afin de stopper le cancer sur la planète? Bien qu’elle aurait été de très bonne foi, cette solution n’est pas la bonne et tient un peu de la pensée magique. Dans les deux cas, on doit faire appel aux experts et à la science. On doit sensibiliser les gens, oui, mais aux actions que ceux-ci peuvent poser individuellement et collectivement pour atténuer et éventuellement guérir.

L’intimidation, on réussira à la dompter le jour où on apprendra à vivre avec elle. À cet égard, je crois qu’on doit s’inspirer de la résilience et du courage qu’ont les personnes qui vivent avec la maladie. Si le hasard de la génétique a fait en sorte que mes cheveux soient roux, je peux me considérer vraiment chanceux, car le hasard de la génétique n’a pas un très bon esprit de discernement…

Depuis que j’enseigne, je me rends compte qu’une des qualités que j’apprécie le plus chez un élève, c’est sa capacité d’adaptation. Sa capacité de compréhension que ses enseignants ont des personnalités et des méthodes d’enseignement différentes et que ça explique pourquoi il y en a un qui exige de faire toutes ses démarches au crayon à mine et que l’autre exige de faire un propre à l’encre bleue. Sa capacité de mettre sur pause ses soucis personnels pour apprendre à trouver les abscisses à l’origine de la fonction quadratique. Sa capacité de se faire dire que finalement l’examen ne pourra pas avoir lieu mardi parce qu’il y a un imprévu. Sa capacité de comprendre que son enseignant n’a pas eu le temps de corriger son examen… Sa capacité d’attendre sans rouspéter que la cloche sonne pour utiliser son cellulaire…

Tout compte fait, c’est pour ça que j’ai un immense respect pour la résilience qu’ont les personnes atteintes d’un cancer et j’ai envie de leur dire « courage » à ma façon, parce qu’on ne peut pas sensibiliser la population à stopper le cancer sur la planète, mais on peut la sensibiliser à l’importance de la recherche clinique. Que grâce à des dons, « on peut mettre en place des moyens concrets pour survivre au choc du diagnostic, on peut diminuer la souffrance physique et psychologique, on peut briser l’isolement, contribuer au bien-être et qu’on peut apporter une aide financière au moment où les familles en ont besoin »[1].

Pour toutes ces raisons, j’ai accepté qu’on parle encore et toujours de mes cheveux d’Ed Sheeran et je participerai avec grande fierté au défi tête rasée de Leucan le 3 juin prochain organisé à mon école, l’école secondaire du Versant.

C’est donc avec mon énergie comique que je vous demande gentiment de m’encourager à éclipser mes cheveux en faisant un don ici pour Leucan :  http://www.webleucan.com/ahdionne 

P.S. Pour celles et ceux qui sont victimes d’intimidation, je ne vous oublie pas. Des moyens concrets existent aussi pour apprendre à y faire face.



Évolution technologique...

L'information qui suit n'a pas été vérifiée et a été écrit pour faire rire...

Le prochain iPhone serait, selon les rumeurs, résistant à la lave, mais malheureusement, il ne sera plus possible de faire d’appels sans acheter le nouveau iTalk Bluetooth qu’on doit s’enfoncer dans le creux de la molaire inférieure droite.



mercredi 18 mai 2022

Un jeu de mot par heure...

Un jeu de mot par heure t'éloigne du docteur... 

J’suis sorti de la douche en écoutant Breakfast in America et j’étais Supertramp…



mardi 17 mai 2022

Jogging

J'avais écrit ça cet été : 

Pensée impure : Quand tu admets publiquement avoir un problème de santé mentale, tu te rends compte que dans la vie, il y a deux types de personnes. Celles qui ont de l’empathie et celles qui te disent : « As-tu pensé faire du jogging? ». 



lundi 16 mai 2022

Castagnettes

 Sur un groupe Facebook, il y a quelques mois, quelqu’un a posé une question de groupe qui ressemble grosso modo à ceci :

« Lorsque vos élèves ont terminé l’ensemble du travail à faire en classe et qu’ils ont du temps de libre, les laissez-vous utiliser leur téléphone cellulaire? »

Puis, je me suis amusé à remplacer le terme « téléphone cellulaire » par d’autres objets. L’objectif initial était de faire rire, mais la preuve par l’absurde fait quand même réfléchir.

Voici ma réponse :

« Si les élèves avaient tous des castagnettes dans leurs poches et qu'ils avaient 5 minutes de libres à la fin d'une période, on ne se poserait même pas la question : "Lorsque vos élèves ont terminé l’ensemble du travail à faire en classe et qu’ils ont du temps de libre, les laissez-vous utiliser leurs castagnettes? ».

Même si des études démontraient que les castagnettes aident la concentration des élèves en difficulté.

Même si des études démontraient que les castagnettes aident les élèves à développer un rythme et par la bande, les aident en mathématique.

Un passe-temps ne doit pas nuire aux autres élèves. Tout simplement. L'élève qui voit ou entend son voisin en train de jouer avec ses castagnettes devient moins efficace dans son travail ou le bâcle.

Il y a des moments pour tout! Même pour jouer avec des castagnettes! »

Puis je me suis amusé à transposer les commentaires laissés par les autres membres du groupe :

·         Au premier cycle, pas de castagnettes en classe.

·         Je suis d’avis que les élèves doivent apprendre à combler leur temps autrement que par les castagnettes!

·         Dans un but pédagogique, oui. Par exemple, un élève avait un rythme à apprendre en musique. Quatrième secondaire par contre. Si l’élève joue des chansons ou est en train d’envoyer des messages en code morse, c’est non. C’est un privilège que j’accorde de temps en temps et qui peut se perdre s’ils me prennent pour une valise.

·         Ils doivent laisser leurs castagnettes sur mon bureau lorsqu’ils doivent sortir pour aller aux toilettes. Parfois, l’envie se perd suite à cette demande.




dimanche 15 mai 2022

Ni clair, ni blafard

Vous connaissez cette drôle d’impression qu’on a lorsqu’on sort d’un spectacle où la musique était un peu trop forte? On s’est laissé bercé le temps d’une chanson, on s’est fait brasser le temps d’une autre puis on a été ébloui par les éclairages. Ça fait tellement longtemps que je n’ai pas assisté à un spectacle de musique, mais là n’est pas le propos. Quand le spectacle se termine, la musique s’arrête, l’éclairage normal de la salle s’ouvre et malgré le silence en pleine dichotomie avec la musique qui le précédait d’à peine quelques secondes, ça chante encore dans notre tête, ça nous berce et ça nous bouscule encore.

Quand on était enfant, on utilisait la balançoire rudimentaire du pneu accrochée à une chaîne de métal pour simplement tourner. On tournait, tournait et tournait encore puis on demandait à un ami d’arrêter la balançoire brusquement. Immobiles, on tournait encore dans notre tête. C’est comme si notre corps refusait d’arrêter brusquement de vivre quelque chose.

Parfois, je garde cette impression encore pendant des heures après un spectacle. C’est généralement agréable, mais pas toujours. Comme un fâcheux retour de balancier qui nous rappelle que la magie est terminée et que ce qui nous entoure est éclairé par des néons ni clairs ni blafards… juste insipides. Comme si le monde imaginaire coloré dans lequel on avait été transporté s’était transformé drastiquement en parking sous-terrain.

Œuvrer en éducation me contraint souvent à être placé au beau milieu d’une énorme flaque d’opinions, de ragots et de commérages. Empilés les uns sur les autres, je n’arrive plus à percevoir leurs subtilités et ils se transforment en une sorte de gloussement continu. Comme lorsqu’on place l’aiguille d’une vieille radio entre deux postes et que ça griche. Chercher le silence au milieu du poulailler pour mieux réfléchir.

Quand le silence arrive enfin, que ce soit dans ma voiture ou devant la feuille blanche, ça continue de caqueter entre mes oreilles. À force de meubler le silence avec des opinions instantanées, je crains que ma tête refuse d’arrêter brusquement de les entendre…