Chaque année, je croise quelqu’un qui déteste Noël et qui
cherche mon approbation dans sa discussion :
« Noël! Franchement! Hein? Cette surconsommation!
Hein? Recevoir la famille… Pfff! Hein? Pas d’allure! Hein? »
Je suis toujours mal à l’aise quand quelqu’un me parle en me
mettant son opinion dans la bouche sans me laisser parler. Comme si le fait de
dire « Hein? » à la fin de ce qui n’est même pas une phrase rassurait
mon interlocuteur.
Le problème avec les gens qui détestent Noël, c’est qu’ils
ne réussissent pas à avoir mon approbation… parce que j’aime ça, Noël! Mais
d’un point de vue objectif, ils ont quand même probablement raison : je
suis peut-être trop nostalgique, trop conformiste, trop capitaliste… Trop
gna-gna avec mon cœur d’enfant… Je nourris peut-être trop mon propre plaisir à
faire des cadeaux aux autres… Je trouve néanmoins que tout ça est moins lourd
que d’être avare comme un rat. Comme Monsieur Scrooge.
Le principal argument des gens qui n’aiment pas Noël, c’est
que c’est inutile de dépenser autant d’argent pour faire des cadeaux. Je dirais
ici – par pure observation trop peu scientifique – que ces gens se divisent en
trois catégories : les menteurs, les puristes et les casse-culs.
Les menteurs de Noël sont ceux qui trouvent ridicule le fait
de se donner plusieurs cadeaux dans
le temps des fêtes. Ceux-là optent pour une option beaucoup moins capitaliste,
à leur avis : ils ne s’offrent qu’un seul cadeau. Et parfois, un seul
cadeau pour la famille complète. Mais le cadeau qu’ils s’offrent dépasse
largement la valeur des petits cadeaux qu’ils dénoncent : ils s’offrent un
voyage, un nouvel ordinateur, une voiture, un instrument de musique, etc. Il
m’apparaît de très mauvaise foi de juger la nature capitaliste de ceux qui
s’offrent des livres, des films et des jouets alors que tes dépenses pour Noël
sont plus élevées!
Les puristes de Noël sont ceux qui trouvent ridicule le fait
de dépenser pour faire un cadeau. Ils
prônent plutôt des cadeaux « à coût nul » : donner un livre
usagé, donner un coupon valide pour du temps d’aide pour enlever les pneus
d’hiver, un dessin, une carte faite à la main, du temps pour aller bouquiner,
du temps pour cuisiner, etc. L’idée est bien noble, mais tout cela est, pour la
personne qui offre ce cadeau, bien plus déculpabilisant que noble… Et tout ça rime
souvent avec cadeau forcé… que le cadeau soit un bien ou un service, lorsqu’il
est forcé, il est tout aussi désagréable à recevoir.
Les casse-culs de Noël sont ceux qui jugeront pratiquement
toutes les activités que vous voudrez entreprendre dans le temps des fêtes. Un
échange de cadeau? Trop conformiste. Une marche en plein air en famille?
Ringard. Un souper de Noël? Trop 1970, est-ce qu’on peut évoluer un peu?! Ok, d’abord,
cette année, on ne fête pas Noël. Trop non-conformiste.
Le temps des fêtes, c’est un temps d’arrêt pour voir ceux qu’on
aime… et peu importe votre manière de le prendre, je vous souhaite un Joyeux
Noël!
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