Je sors de l’épicerie avec mon panier et mon sac réutilisable. Juste avant de sortir, je place mon panier dans la zone « laissez votre panier utilisé ici ». Ainsi, un employé désinfectera la poignée du panier pour le prochain client qui l’utilisera. Un autre client sort et est exactement dans la même situation que moi, mais se sent investi d’une mission de tutorat sur le fonctionnement de la désinfection. Presque gêné, il s’approche de moi :
- S’cuse, c’est parce que tu as juste un sac.
- Hein?
Visiblement, je ne comprends pas toute l’étendue de sa sagesse. Sa gêne provient du fait qu’il ne veut pas me froisser puisque visiblement, il sait quelque chose que je ne sais pas.
- Dans ton panier, il y avait juste UN sac d’épicerie, c’est pas beaucoup, tu trouves pas? (Lorsqu’il a dit le chiffre « UN », il m’a montré son index afin que j’associe efficacement le chiffre et la quantité que cela représente…)
- Hein? Désolé, je n’entends pas bien avec le bruit des paniers.
J’ai menti. J’avais très bien entendu sa phrase, je ne comprenais pas le sous-texte. Je n’avais pas saisi ce qui se cachait derrière la pensée de mon nouvel ami.
- C’est parce que tu as mis ton panier dans la zone de retour de panier pour le désinfecter. Voyons! Tu n’as pas besoin de le mettre là lorsque tu n’as qu’un seul sac d’épicerie!
Puis, en me disant ça, il remet son panier dans la zone de paniers déjà désinfectés. Visiblement un grand connaisseur. Mais le pire dans tout ça, c’est moi, lorsque j’ai répondu :
- Bon bien merci! Je vais le savoir pour la prochaine fois!
N’importe qui qui aurait été en ma compagnie aurait compris que j’étais sarcastique… Un sarcasme qui criait : « Maudit épais… J’aimerais ça être dans ta tête juste pour profiter encore plus longtemps du plaisir de faire un sudoku, un casse-tête ou de gratter un loto bingo. Tu dois être du genre à penser que de manger des produits nettoyants, ce n’est pas dangereux, tant que tu n’en manges pas plus d’une capsule. Soit les gens qui t’entourent sont aussi bêtes à manger du foin que toi, soit ils n’en peuvent plus de s’obstiner parce que tu penses qu’Elvis est encore vivant, que ça se dit « des chevals » et qu’il ne faut surtout jamais avaler de graines de citrouille, sinon le carrosse de Cendrillon va te pousser dans le cul. »
N’importe qui aurait compris, mais pas lui.
- Ah! Y’a rien là! Bonne fin de journée là!
Depuis environ trois semaines, il n’y a plus de zone pour désinfecter les paniers.
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