Utilisation en classe depuis le primaire
Je demande souvent à mes élèves comment ils ont utilisé les technologies dans le passé. Il faut dire que la majorité du temps, c’est l’enseignant qui utilise les technologies (et en ce qui concerne les cours de mathématique que je donne, je peux confirmer cette affirmation). Les rares élèves qui ont utilisé une tablette au primaire (notons ici que mes élèves étaient au primaire entre 2006 et 2012) ne l’utilisaient que pour des tâches simples : par exemple, en mathématique, ils ont utilisé la fonction « calculatrice ». En français, ils ont utilisé la tablette pour faire de l’analyse de texte : en utilisant des couleurs différentes, ils peuvent souligner les types de mots (les verbes, les déterminants, les adverbes, etc.) à titre d’exemple. http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/807209/tablette-ecole-ecole-primaire-arpege-ipadÀ peu près tous les élèves qui ont utilisé la tablette en classe l’ont toujours fait à l’aide une application très spécifique à la fois. Comme si chaque apprentissage nécessitait une application différente. À trop morceler les apprentissages, on n’enseigne à ces élèves aucune nouvelle connaissance : d’enseigner les rudiments de la phrase avec l’application « Phrase plus! » n’ajoute pas de nouvel apprentissage technologique par rapport à enseigner les rudiments de la phrase avec un papier et un crayon. En fait, les connaissances acquises lors de l’utilisation d’une tablette ou d’un ordinateur sont très rarement technologiques : ils ont rarement appris, à titre d’exemple, à personnaliser leur environnement de travail afin qu’il soit plus efficace pour eux, à utiliser les raccourcis clavier de telle ou telle application, et à mon avis le plus important : à ordonner des fichiers et des dossiers!
Notons d’ailleurs que ces apprentissages se situent uniquement dans les premiers niveaux de la taxonomie de Bloom https://fr.wikipedia.org/wiki/Taxonomie_de_Bloom. Les apprentissages sont donc souvent des apprentissages de surface (que je trouve, malgré le fait qu’on pourrait faire davantage, essentiels).
Le Mozart du VHS
Les apprentissages faits avec la technologie au primaire faussent à mon avis l’interprétation qu’ont les élèves de leurs propres connaissances. On a trop souvent félicité les élèves lorsqu’ils réussissaient à faire quelque chose de nouveau avec un appareil technologique. Les parents s’étonnent lorsque leur enfant leur montre quelque chose et en concluent immédiatement que ce dernier doit être un surdoué des technologies. Mes parents ont fait de même avec moi (et d’ailleurs ils se plaisent à raconter cette anecdote encore et encore à toute la famille, mais bon… on s’éloigne un peu) : quand j’étais en maternelle, j’ai réussi à programmer le lecteur VHS afin qu’il enregistre mon émission préférée. Pour mes parents, c’était grandiose, mais avouons que j’étais loin d’être le Mozart du VHS…On gonfle peut-être trop (ou mal?) la confiance de nos élèves avec la technologie et cela les porte à croire qu’ils connaissent tout… et surtout qu’ils connaîtront tout. Remarquons aussi que les technologies sont toujours changeantes et que les apprentissages que l’on fait doivent être en constante évolution : dans ce domaine, on est loin de l’apprentissage du théorème de Pythagore : ce dernier se fera encore de la même façon dans 20 ans! Par contre, l’utilisation d’un ordinateur aura forcément changé. Si on n’enseigne pas à nos élèves à apprendre à apprendre par eux-mêmes, je crois qu’on crée un glissement cognitif.
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