Vous connaissez cette drôle d’impression qu’on a lorsqu’on sort d’un spectacle où la musique était un peu trop forte? On s’est laissé bercé le temps d’une chanson, on s’est fait brasser le temps d’une autre puis on a été ébloui par les éclairages. Ça fait tellement longtemps que je n’ai pas assisté à un spectacle de musique, mais là n’est pas le propos. Quand le spectacle se termine, la musique s’arrête, l’éclairage normal de la salle s’ouvre et malgré le silence en pleine dichotomie avec la musique qui le précédait d’à peine quelques secondes, ça chante encore dans notre tête, ça nous berce et ça nous bouscule encore.
Quand on était enfant, on utilisait la balançoire rudimentaire
du pneu accrochée à une chaîne de métal pour simplement tourner. On tournait,
tournait et tournait encore puis on demandait à un ami d’arrêter la balançoire
brusquement. Immobiles, on tournait encore dans notre tête. C’est comme si
notre corps refusait d’arrêter brusquement de vivre quelque chose.
Parfois, je garde cette impression encore pendant des heures
après un spectacle. C’est généralement agréable, mais pas toujours. Comme un fâcheux
retour de balancier qui nous rappelle que la magie est terminée et que ce qui
nous entoure est éclairé par des néons ni clairs ni blafards… juste insipides. Comme
si le monde imaginaire coloré dans lequel on avait été transporté s’était transformé
drastiquement en parking sous-terrain.
Œuvrer en éducation me contraint souvent à être placé au
beau milieu d’une énorme flaque d’opinions, de ragots et de commérages. Empilés
les uns sur les autres, je n’arrive plus à percevoir leurs subtilités et ils
se transforment en une sorte de gloussement continu. Comme lorsqu’on place l’aiguille
d’une vieille radio entre deux postes et que ça griche. Chercher le silence au
milieu du poulailler pour mieux réfléchir.
Quand le silence arrive enfin, que ce soit dans ma voiture
ou devant la feuille blanche, ça continue de caqueter entre mes oreilles. À
force de meubler le silence avec des opinions instantanées, je crains que ma
tête refuse d’arrêter brusquement de les entendre…
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