lundi 26 juin 2017

Je n’aime pas mes élèves

Cette lettre, parue dans le Devoir, me fait réfléchir sur la nature de la relation entre un enseignant et ses élèves. Elle me fait réaliser que jamais je n’aurais pu être l’auteur de cette lettre, et ce, même si certains élèves se sont déjà confiés à moi. On enseigne à toutes sortes d’élèves : des studieux, des délinquants, des tristes, des joviaux, des indifférents, des élèves de droite, des élèves de gauche, des homosexuels, des homophobes, des racistes, … bon, vous comprenez l’idée.

Certains enseignants (heureusement, ils existent) développent un lien affectif avec une bonne majorité de leurs élèves, et c’est tant mieux. Beaucoup d’élèves s’accrochent à ce lien et restent à l’école malgré leur dégoût pour la rigueur que demande l’apprentissage. Il y a des élèves qui ont une vie de punching bag… des élèves qui sont propriétaires de secrets pénibles qu’ils ne racontent qu’à une infime partie de leur entourage. Certains de mes élèves m’ont déjà livré des confidences. Je crois honnêtement que j’ai une bonne oreille pour les écouter. Je peux leur donner des conseils, mais généralement, je les réfère à quelqu’un de spécialisé. C’est certain que je suis content lorsqu’on m’informe que l’élève a appris à grandir malgré ses difficultés, mais – peut-être égoïstement, ça s’arrête là.

Suis-je donc cet enseignant froid de quatrième et cinquième secondaire qui ne s’intéresse pas de la vie de ses élèves? Et si oui, est-ce que c’est mal? Je ne crois pas. S’il y a toutes sortes d’élèves, je présume qu’il y a aussi toutes sortes d’enseignants… Je me remets dans le contexte et il me semble que je n’exigeais pas ça de mes enseignants au secondaire.

N’allez pas croire que je juge cette enseignante qui termine sa lettre en disant « Je t’aime » à son élève, au contraire. Je ne fais que me remettre en question sur le phénomène. Mais, je dois avouer que je ressens un malaise lorsque je me mets, en tant qu’enseignant, dans la même situation.

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Mes enseignants ne m’aimaient pas… Je pense… Ils m’appréciaient fort certainement, mais ça s’arrêtait là.

Je n’aime pas mes élèves… je les apprécie tous à un niveau différent et j’ose même dire que dans certains cas, ce niveau est à zéro…

Et si j’écrivais une lettre ouverte à un élève que je n’apprécie pas, j’aurais sans doute le même malaise à lui dire « Je ne t’aime pas ».

1 commentaire:

  1. Je ne t'aime pas
    C'est plus fort que moi
    Les larmes qui coulent sur tes joues
    C'est pas facile à dire mais ...
    Je m'en fous


    Je pense qu'on peut éprouver de l'attachement pour certains élèves, de l'affection pour certains groupes, quand on a de l'amour, on ne badine plus.

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