mercredi 17 février 2021
Lettre au prof de conduite de mon fils
jeudi 6 décembre 2018
Le mot de la semaine : décorum…
Au début de sa carrière, la Bolduc portait une perruque blanche et des robes de grand-mère. C'était ça le décorum. C'était convenu. Puis, la Bolduc s'est mis à s'habiller à son goût et à retirer sa perruque.
Vous pouvez imaginer que le clergé s'est indigné. L'élite a crié au manque de bienséance, de protocole, de tradition, de règle et d'usage… À l'absence de finesse et de subtilité.
Pendant ce temps, la Bolduc rassemblait la population avec ses messages d'humour et d'espoir. Elle faisait rire et réfléchir.
Botter les fesses au décorum, ça fait parfois de la place à la transformation des mœurs. Ça nous disloque peut-être les us et coutumes, mais un coup de pied au cul, ça fait évoluer, et ce, peu importe la marque de bottes que tu portes!
dimanche 12 novembre 2017
Saviez-vous, Monsieur Coiteux… (2015)
Souvenir de 2015…
« Il y a moyen de manifester sans perturber les activités des gens. »
Martin Coiteux, Président du Conseil du trésor,
12 novembre 2015
Saviez-vous, monsieur Coiteux, que l’action de manifester est une manière de rendre perceptible un sentiment ? Que par conséquent, cette action doit entrer en conflit avec autrui ? Je ne sais pas pour vous, mais personnellement dans une journée normale, je manifeste sans cesse et sans même m’excuser ! J’ai la chance d’avoir des collègues, des amis, une conjointe – ceux que vous appelez poliment « les gens » - qui acceptent allègrement que je perturbe leurs activités quotidiennes pour leur manifester des opinions, des mécontentements, mais aussi de l’affection.
Mais saviez-vous, monsieur Coiteux que même vous – oui vous ! – vous manifestez ? Par exemple, lorsque vous déposez en partenariat avec divers ministres des offres patronales, vous manifestez votre mode de gestion. Croyez-moi, votre moyen de manifester perturbe les activités des gens ! On peut se permettre d’évaluer que ce genre de manifestation, dans un contrat de travail, a comme impact de perturber quotidiennement des centaines de milliers de personnes pendant la durée totale de leur contrat de travail, soit cinq ans.
Saviez-vous, monsieur Coiteux, qu’à ce jour, les manifestations du secteur public ne totalisent même pas une semaine complète ?
Saviez-vous, monsieur Coiteux, que pour manifester en faveur de la liberté d’expression et contre le racisme, les Français se sont réunis dans les rues de Paris le 11 janvier 2015… et qu’ils étaient près de 4 millions ? Certainement, vous le savez. Vous le savez, parce que vous avez vu les images au Téléjournal et dans les journaux. Cette mobilisation a attiré les regards ; le message des Français s’est fait entendre. Et oui, cette journée-là, le Français moyen qui voulait se rendre au commerce du coin pour s’acheter des bidules est revenu chez lui la mine basse…
Vous le savez très bien, monsieur Coiteux, que par définition, manifester perturbe les activités des gens.
Mais vous savez que plusieurs personnes ne le savent pas et vos propos populistes sont navrants.
jeudi 26 octobre 2017
Les gens de ma horde…
Quand leur confort est en péril
Ils cachent leur fiel dans leur tanière
Les préjugés qui se faufilent
Fallacieusement dans leur prière
Gagnent du terrain et se profilent
Dans les bergeries débonnaires
Bien à la mode, ils mettent leur griffe
Sur les murs de tous les réseaux
Maudire leur raisonnement hâtif
Ne vous attirera que leurs crocs
Quand tous les faits alternatifs
Sont engloutis par le troupeau
Quand les débats les font rougir
Ils fardent de mauvais les saisons
Le meilleur se transforme en pire
Et le beau temps en dépression
Les grands-mères deviennent des vampires
Même dans le cœur du chaperon
Ils jettent de l’huile sur tous les feux
De paille et de mèche plus que courtes
Les mots sans bois sont malheureux
Dans les messages qu’ils écoutent
Fanaux et briques chez celles et ceux
Qui abominent et qui redoutent
lundi 3 juillet 2017
Le « beigne-poutine » de Tim Horton
J’aime beaucoup les soirées électorales. Je me souviens d’un soir de 2004, j’avais 20 ans, mes amis et moi avions travaillé pour le bal des finissants de Nicolas-Gatineau. Parce que mon père était l’animateur et l’organisateur principal, nous avions eu un contrat pour filmer la soirée et pour faire la promotion du « cédérom des finissants » et de la « VHS des finissants ». Wow! Ça fait juste 13 ans et on dirait que ça en fait 30! Bref, nous n’avions pas besoin de travailler jusqu’à la toute fin du bal et nous étions rentrés assez tôt pour voir les résultats des élections fédérales. C’était le 28 juin 2004. On s’était installé devant la télé, chez mes parents avec une bonne bière bien méritée – filmer pour le bal m’épuisait intellectuellement et me déprimait, en parler serait très long… ça mériterait un autre billet – et on écoutait les discours des gagnants et des perdants.
- Anthony, c’est quoi le rapport avec le « beigne-poutine » de Tim Horton?
Je commençais à peine à être curieux par rapport à la politique. Heureusement, dans ma vie, mes parents m’ont fait écouter Elvis Gratton très jeune. J’ai regardé les Bye bye et les festivals Juste pour rire. Mon éducation politique, même si elle était bien faible, se faisait grâce à l’humour. Puis, j’ai lu Falardeau. Plus tard, j’ai lu Bourgeault. Mes opinions ont été à gauche, puis à droite, puis à gauche.
- Anthony, tu m’énerves… avec ton titre, tu nous avais promis un article sur le « beigne-poutine » de Tim Horton!
Si j’ai pu développer mon esprit critique, c’est principalement grâce aux médias : parce que j’ai regardé la télévision, parce que j’ai écouté des entrevues, parce que j’ai lu des articles. J’ai pu faire des choix à l’image de mes opinions.
- Et le « beigne-poutine » de Tim Horton, tu en penses quoi? Ça t’amuse ou ça te dégoûte?
J’ai la chance d’enseigner un cours optionnel depuis cinq ans sur le montage vidéo. Le cours a souvent changé de nom parce que j’ai toujours du mal à prendre une décision sur la direction globale de ce cours. L’an prochain, j’aimerais apporter un volet critique sur le rôle des médias. J’aimerais que mes élèves réfléchissent à la valeur d’un article, ou d’une entrevue, ou d’un documentaire sur un sujet « x » traité par tel média et qu’ils comparent cette valeur à un même sujet traité par un autre média…
- Ce n’est pas sérieux du tout ton billet, Anthony… Parle-nous de sujets qui nous intéresse vraiment!
Ainsi, ils pourraient avoir un meilleur esprit critique et choisir des sources fiables lorsque vient le temps de faire une rechercher ou de faire le montage d’un reportage ou d’un documentaire.
jeudi 29 juin 2017
Encyclopédie « vivante »
Quel article troublant!
« Selon les autorités du Minnesota, le jeune homme de 22 ans aurait convaincu sa petite amie de lui tirer dessus tandis qu'il serrait une encyclopédie contre son propre torse. Pedro Ruiz lui aurait montré une autre encyclopédie, celle-ci pénétrée mais pas traversée par une balle, prouvant ainsi que le livre le protégerait, affirme la police. »
Le but était donc de créer une vidéo dangereuse virale dans laquelle le pauvre jeune homme survivrait à l’utilisation d’une encyclopédie comme veste pare-balles.
Je croise de plus en plus de sportifs qui croient qu’ils sont de bons sportifs parce qu’ils ont l’équipement dernier cri… Croyez-moi, on a beau avoir le chandail en lycra qui respire le mieux par les aisselles au monde, ce n’est pas ça qui fait de nous un grand sportif.
Je croise de plus en plus d’adeptes de cinéma et de tournage (notamment plusieurs élèves) qui croient qu’ils sont de bons vidéastes parce qu’ils ont l’équipement dernier cri… Je dis souvent à la blague à mes élèves : « Si vous aviez le meilleur crayon au monde, pensez-vous vraiment que vous seriez un bon écrivain? »
Bref… tout ça pour dire que ce n’est pas parce que tu as une grosse encyclopédie que tu es nécessairement intelligent!
mercredi 28 juin 2017
Schtroumpf alors!
Schtroumpf adolescent en 2016 :
« On a bien schtroumpfé! »
Schtroumpf adolescent en 2017 :
« On a bien schtroumpfe! »
2017 : L'année où les adolescents ont cessé de conjuguer.
lundi 26 juin 2017
Je n’aime pas mes élèves
Cette lettre, parue dans le Devoir, me fait réfléchir sur la nature de la relation entre un enseignant et ses élèves. Elle me fait réaliser que jamais je n’aurais pu être l’auteur de cette lettre, et ce, même si certains élèves se sont déjà confiés à moi. On enseigne à toutes sortes d’élèves : des studieux, des délinquants, des tristes, des joviaux, des indifférents, des élèves de droite, des élèves de gauche, des homosexuels, des homophobes, des racistes, … bon, vous comprenez l’idée.
Certains enseignants (heureusement, ils existent) développent un lien affectif avec une bonne majorité de leurs élèves, et c’est tant mieux. Beaucoup d’élèves s’accrochent à ce lien et restent à l’école malgré leur dégoût pour la rigueur que demande l’apprentissage. Il y a des élèves qui ont une vie de punching bag… des élèves qui sont propriétaires de secrets pénibles qu’ils ne racontent qu’à une infime partie de leur entourage. Certains de mes élèves m’ont déjà livré des confidences. Je crois honnêtement que j’ai une bonne oreille pour les écouter. Je peux leur donner des conseils, mais généralement, je les réfère à quelqu’un de spécialisé. C’est certain que je suis content lorsqu’on m’informe que l’élève a appris à grandir malgré ses difficultés, mais – peut-être égoïstement, ça s’arrête là.
Suis-je donc cet enseignant froid de quatrième et cinquième secondaire qui ne s’intéresse pas de la vie de ses élèves? Et si oui, est-ce que c’est mal? Je ne crois pas. S’il y a toutes sortes d’élèves, je présume qu’il y a aussi toutes sortes d’enseignants… Je me remets dans le contexte et il me semble que je n’exigeais pas ça de mes enseignants au secondaire.
N’allez pas croire que je juge cette enseignante qui termine sa lettre en disant « Je t’aime » à son élève, au contraire. Je ne fais que me remettre en question sur le phénomène. Mais, je dois avouer que je ressens un malaise lorsque je me mets, en tant qu’enseignant, dans la même situation.
Mes enseignants ne m’aimaient pas… Je pense… Ils m’appréciaient fort certainement, mais ça s’arrêtait là.
Je n’aime pas mes élèves… je les apprécie tous à un niveau différent et j’ose même dire que dans certains cas, ce niveau est à zéro…
Et si j’écrivais une lettre ouverte à un élève que je n’apprécie pas, j’aurais sans doute le même malaise à lui dire « Je ne t’aime pas ».
vendredi 23 juin 2017
Lettre à Sarah Parent-Roy
Chère Sarah, je veux premièrement te présenter. Tu es un personnage fictif qui m’a été inspiré par plusieurs de mes élèves au courant des dernières années, mais aussi par des histoires racontées par des collègues et des trucs lus dans les journaux. Je ne voudrais pas citer « Les Respectables », parce que ça serait d’un goût douteux, mais « toi, tu es un amalgame ». Tu ne te reconnaîtras pas puisque j’ai pris la peine de modifier les détails des circonstances, mais les événements sont presque arrivés ainsi.
Tes parents sont les Parent-Roy. C’est surtout d’eux que je veux te parler. Si je m’adresse à toi, plutôt que directement à eux, c’est que je pense qu’il est trop tard pour changer leur comportement. Malgré cela, si je peux au moins te faire prendre conscience de la mauvaise conduite qu’ils ont eue envers toi, peut-être que tu ne les répéteras pas le jour où tu auras toi-même des enfants qui iront à l’école. De plus, c’est une manière détournée de m’adresser à eux indirectement : ils sont si obnubilés par ta personne qu’à leurs yeux une lettre qui s’adresse à toi aura plus d’impact qu’une lettre qui s’adresse à eux…
Un jour, tu faisais la fofolle dans la classe puis ça m’énervait. Même si je te demandais d’arrêter, tu continuais. Puis, je t’ai demandé de rester à la fin du cours et comme j’étais dans ton chemin, tu es sortie de la classe en me poussant. Je n’étais pas blessé, bien sûr, mais tout de même à l’envers de voir qu’une élève de cinquième secondaire puisse avoir si peu de respect pour son enseignant. Nous avons rencontré la direction avec tes parents puis le directeur t’a demandé de sortir un temps pour qu’on discute seulement avec eux quelques instants. J’ai eu cette discussion avec ton père (P) et ta mère (M) :
- (P) Vous savez monsieur, ma fille ne vous a pas poussé.
- (A) Oui, je vous assure, elle l’a fait devant tous les élèves de la classe.
- (M) Non, ce que mon mari essaie de vous indiquer, c’est que Sarah nous a expliqué qu’elle ne vous a pas poussé. Nous connaissons très bien Sarah et elle ne nous ment jamais.
- (A) Je ne suis pas certain de vous suivre là. Il n’y a pas de doute sur le fait qu’elle m’a poussé. Ma collègue était dans le corridor et elle a vu Sarah me pousser. Il y avait des témoins.
- (P) Peu importe si ce que vous me dites est vrai, pour Sarah, dans sa tête, elle est convaincue qu’elle ne vous a pas poussée. C’est pourquoi elle ne vous fera pas d’excuses.
Tu vois… Tes parents ont un tel respect pour toi qu’ils sont prêts à endosser tes mensonges à leur place.
Si l’amour rend aveugle, l’amour filial flirte avec la mythomanie.
Ça me rappelle une autre fois où tu n’avais pas fait ton devoir pour la troisième fois en peu de temps. Tu étais plus jeune, en première secondaire et tu as reçu un travail supplémentaire (la copie du règlement de l’école dans l’agenda, par exemple). Le soir, ta mère m’écrit un courriel. En gros, ça va comme suit (je t’épargne les fautes d’orthographe) :
« Bonjour monsieur, Je vous écris pour vous aviser que Sarah ne fera pas sa copie puisque si elle n’a pas fait son dernier devoir, c’est de ma faute. Nous sommes en train de faire des rénovations puis Sarah a eu du mal à dormir. Merci de votre compréhension. »
Ces courriels m’impressionnent chaque fois, car ils débordent de paralogismes. En plus, qui me prouve que c’était bien ta mère qui avait envoyé ce courriel? C’est peut-être moi qui manque d’empathie ou le courriel qui manque d’informations, mais je me suis contenté de répondre à ta mère qu’elle ne devrait pas prendre le blâme à ta place puisque nous avions eu du temps en classe pour faire ce devoir et que tu avais accumulé trois devoirs non faits. Ça arrive de ne pas faire ses devoirs pour une bonne raison : c’est pourquoi je laisse une première et deuxième chance avant de donner des conséquences.
Le lendemain matin, tu n’avais pas fait ta copie et ta mère s’est pointée à l’école, devant mon local pour m’interpeller avant la première période de cours. Elle était arrivée avant moi, papiers à la main.
- (M) Bonjour, je suis la mère de Sarah, on s’est écrit hier.
- (A) Bonjour, enchanté. J’espère que je me suis bien exprimé hier, vous avez compris la situation?
- (M) Oui, tout à fait, je voulais m’excuser d’ailleurs. Vous ne pouvez pas savoir, mais quand une mère voit pleurer sa fille, c’est toujours difficile… et je comprends tout à fait votre position. Sarah en était à son troisième devoir non fait. C’est pourquoi je vous remets sa copie. C’est moi qui l’ai faite.
Tu as bien lu Sarah. Ce matin-là, ta mère a fait ta copie à ta place. Si tes larmes n’étaient pas celles du crocodile, elles étaient celles d’une élève de première secondaire voulant fuir l’adversité. Ça a touché le cœur de ta mère, tu as réussi à la faire sentir coupable de trois devoirs non faits, puis tu l’as sans doute remerciée de t’écouter et te comprendre. Ça t’a consolé et ça a flatté l’ego de ta mère.
De La Fontaine disait dans le Corbeau et le Renard : « Apprenez que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute. »
Tu as vécu une panoplie d’anecdotes comme celle-là : tes parents ont déjà motivé une absence à un cours x pour que tu étudies pour un cours y… Ils ont déjà demandé à tes enseignants de ne pas enseigner de nouvelles notions lorsque tu étais absente… Ils ont demandé à tes enseignants de modifier la date d’un examen parce que vous partiez en voyage…
Une fois, tu as fait du plagiat. Dans un examen, dans ton dictionnaire, tu as soigneusement collé un texte qui provenait de l’Internet. Ton jeune âge et ton manque d’expérience t’ont trahi : préalablement, tu as saisi les mots clés de la question sur Google et tu as pris le premier site qui est sorti. Je m’en suis rendu compte immédiatement après une recherche de deux secondes. Tu as obtenu la note de « 0 » pour ton examen.
Tes parents sont alors débarqués à l’école, avec cape et caleçon par-dessus leurs collants moulants comme de grands superhéros de la justice et de l’équité. Super-parents! Générique!
Chanson thème (sur la mélodie du thème de Pokémon) :
« Je serai le meilleur défenseur,
Pour tes prouesses, mon enfant,
Je te porte toujours près de mon cœur,
Oui, c’est moi! Super-parent!Tu ne seras jamais victime,
Tu ne seras jamais mécontent,
J’aurai le dessus sur tous les crimes,
Oui, c’est moi! Super-parent! »
Fin du générique. D’accord, j’admets que je romance un peu ici. Dans le bureau de ton directeur (D) d’unité, ils ont réclamé de me rencontrer. Ils refusaient que je te donne la note de 0% pour ton examen. Voici la discussion que j’ai eue avec ta mère (en passant, cette fois-là, ton père n’a pas dit un mot) :
- (M) Ce n’est pas juste que Sarah ait 0% pour une toute petite erreur!
- (D) Ce n’est pas la première année de Sarah à l’école. Elle connaissait le règlement depuis longtemps et malgré tout elle a copié son travail. Elle doit subir la même pénalité que les autres.
- (M) – En s’adressant à moi – Mais c’est injuste, car elle n’a pas plagié la totalité de son travail, vous devriez au moins corriger la partie qui n’a pas été plagiée.
- (A) Soyons honnêtes, son examen compte pour 20% de la compétence 1, qui elle compte pour 40% de la première étape qui elle, compte pour 20% de l’année. L’examen représente 1,6% de l’année. La pénalité de Sarah sera simplement symbolique.
- (M) : Je comprends que ça ne représente pas beaucoup, c’est pour le principe!
Le principe. Nom masculin. « Proposition, posée et non déduite, qui sert de base dans un raisonnement. » Source : Dictionnaire Antidote. La base du raisonnement de ta mère est donc de compartimenter une faute pour appliquer une pénalité uniquement sur les sections fautives. Prenons une balade en voiture d’une heure. On trouverait cette situation absurde dans cette analogie : « Monsieur l’agent, j’ai peut-être roulé à 140 km/h sur l’autoroute, mais seulement durant une minute de mon voyage. Donc je devrais avoir une contravention d’une valeur d’un soixantième de la contravention habituelle. » Le principe devrait plutôt être d’appliquer la même règle pour tous : dès qu’on vous prend à dépasser la limite permise, on vous donnera une contravention. Dès qu’il y a un plagiat, la note est de 0%. Le principe.
Cette fois-là, ta mère a gagné parce que je n’avais plus d’énergie à canaliser pour un symbole « anti-plagiat » qui, de toute manière, était dilué par la société de consommation dans laquelle tu vis. Avec le piratage de la musique, de la littérature et du cinéma ; avec ces politiciens qui reprennent mot pour mot les discours des autres et réussissent à se faire élire ; avec l’affaire Claude Robinson… difficile de te faire comprendre pourquoi le vol de la propriété intellectuelle est si nauséabond.
Sarah, il y a plein d’anecdotes comme celle-là qui existent à ton sujet et au sujet de tes parents. J’aimerais te dire que tu es intelligente, que tu es belle et que tu es capable. Mais ça, tout le monde te l’a toujours dit.
Sans te dire le contraire, j’aimerais plutôt t’apprendre que c’est normal à l’école, comme dans la vie en général de faire des erreurs, de se trouver moche puis d’en arracher. Apprends à te relever de ça. Ça fera de toi une femme beaucoup plus forte et épanouie. Tu auras plus de courage quand viendra le temps d’affronter les moments difficiles. Tu auras le privilège de pouvoir remettre en question certaines de tes décisions.
Et à ce moment-là, vêtue d’une cape et d’un caleçon par-dessus tes collants moulants, tu seras Super-Sarah!
mardi 20 juin 2017
Esclaves
L’école devrait avoir comme mandat de rendre ses élèves plus libres. Elle devrait les aider à penser par eux-mêmes et à avoir un meilleur esprit critique.
Pessimisme en voyant cette œuvre. Je n’en connais malheureusement pas l’auteur…
Esclave du mercantilisme.
mercredi 7 juin 2017
La brosse à dents en classe : pour ou contre?
Parenthèse close. Revenons aux téléphones cellulaires, car c’est surtout de ça que je voulais parler. Je crois ne pas me tromper si je dis que plusieurs écoles secondaires au Québec, plusieurs Cégeps et probablement plusieurs Universités se questionnent sur l’utilisation du cellulaire en classe. « Le téléphone cellulaire dans nos établissements : pour ou contre? »
Est-ce que votre cellulaire nuit à la concentration d’un voisin? Là, on reconnaît que c’est probable, mais sans plus... L’opinion est mitigée.
Autre surprise : l’application la plus utilisée (je m’attendais à Messenger, Facebook ou simplement la messagerie texte) est Snapchat dans ma classe en cinquième secondaire. Peut-être est-ce parce qu’ils croient avoir un plein potentiel sur leur anonymat? Ce n’est probablement qu’une mauvaise hypothèse.
Mon sondage n’est pas scientifique. Mon sondage est biaisé. Tant pis. J’ai quand même appris une chose : mes élèves malades et sont dans leur phase de déni. J’y reviens après ma deuxième parenthèse…
Fin de la parenthèse. Dans la maladie, il y a plusieurs phases avant d’y arriver à l’acceptation : d’abord le choc (oh… ce téléphone est merveilleux!), ensuite, il y a le déni (ce téléphone est merveilleux, mais je n’y suis pas du tout dépendant. Je peux arrêter de texter quand je veux!), ensuite le désespoir (il n’y a rien à faire, je vais rester accroc… ça doit être à cause des autres ou de la surprotection…), quatrièmement il y a le détachement (au fond, ce n’est pas si grave si j’ai un cellulaire qui date de l’an passé…) et finalement, il y a l’acceptation (je vais laisser mon téléphone cellulaire chez moi. S’il y a une urgence, mes parents peuvent contacter l’école sans problème).
vendredi 19 mai 2017
Profiter du moment
J'ai été voir le spectacle de Klo Pelgag hier. C'est à voir. Univers unique, des compositions ayant une structure complexe (mais intéressante), j'ai adoré! En plus, quelle pianiste!
La fille en avant de moi tenait son cellulaire de manière à ce que je vois tout ce qu'elle faisait - Faut dire aussi que ça piquait ma curiosité!
À la fin du spectacle, elle reste assise et n'applaudit pas alors que tout le monde est debout. Klo Pelgag revient pour faire son rappel. Tout le monde applaudit, sauf la demoiselle assise en avant de moi et ses amies. Une d’elle a même les bras croisés. Pendant que le public se rassoit, elle sort son cellulaire. Elle filme la présentation de la chanson. La chanson commence et elle cesse de filmer pour envoyer la courte vidéo qu’elle vient de prendre sur Snapchat. Elle ajoute les mots “Wow! Malade!” par-dessus sa vidéo. Pendant une bonne partie du rappel, elle a joué avec ses filtres de couleur : un peu de bleu? une teinte noire et blanche? Pourquoi pas Sépia? Pas facile de prendre une décision aussi importante…
Croyez-le ou non, mais ça m’a diverti. C’est comme si ça faisait partie de l’univers absurde de Klo Pelgag…
Ce qui m’a le plus diverti, c’est ce qu’elle a texté à quelqu’un pendant l’entracte :
- Première partie terminée je vas (sic) fumer une smoke.
- k (Réponse de son interlocuteur)
Au retour de l’entracte :
- Là je suis en dedans, j’ai fini de fumer ma smoke.
- k (Réponse de son interlocuteur)
Visiblement cette fille-là sait profiter de chaque seconde!
dimanche 8 janvier 2017
Apprivoiser la techno en classe – mes observations
Utilisation en classe depuis le primaire
Je demande souvent à mes élèves comment ils ont utilisé les technologies dans le passé. Il faut dire que la majorité du temps, c’est l’enseignant qui utilise les technologies (et en ce qui concerne les cours de mathématique que je donne, je peux confirmer cette affirmation). Les rares élèves qui ont utilisé une tablette au primaire (notons ici que mes élèves étaient au primaire entre 2006 et 2012) ne l’utilisaient que pour des tâches simples : par exemple, en mathématique, ils ont utilisé la fonction « calculatrice ». En français, ils ont utilisé la tablette pour faire de l’analyse de texte : en utilisant des couleurs différentes, ils peuvent souligner les types de mots (les verbes, les déterminants, les adverbes, etc.) à titre d’exemple. http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/807209/tablette-ecole-ecole-primaire-arpege-ipadÀ peu près tous les élèves qui ont utilisé la tablette en classe l’ont toujours fait à l’aide une application très spécifique à la fois. Comme si chaque apprentissage nécessitait une application différente. À trop morceler les apprentissages, on n’enseigne à ces élèves aucune nouvelle connaissance : d’enseigner les rudiments de la phrase avec l’application « Phrase plus! » n’ajoute pas de nouvel apprentissage technologique par rapport à enseigner les rudiments de la phrase avec un papier et un crayon. En fait, les connaissances acquises lors de l’utilisation d’une tablette ou d’un ordinateur sont très rarement technologiques : ils ont rarement appris, à titre d’exemple, à personnaliser leur environnement de travail afin qu’il soit plus efficace pour eux, à utiliser les raccourcis clavier de telle ou telle application, et à mon avis le plus important : à ordonner des fichiers et des dossiers!
Notons d’ailleurs que ces apprentissages se situent uniquement dans les premiers niveaux de la taxonomie de Bloom https://fr.wikipedia.org/wiki/Taxonomie_de_Bloom. Les apprentissages sont donc souvent des apprentissages de surface (que je trouve, malgré le fait qu’on pourrait faire davantage, essentiels).
Le Mozart du VHS
Les apprentissages faits avec la technologie au primaire faussent à mon avis l’interprétation qu’ont les élèves de leurs propres connaissances. On a trop souvent félicité les élèves lorsqu’ils réussissaient à faire quelque chose de nouveau avec un appareil technologique. Les parents s’étonnent lorsque leur enfant leur montre quelque chose et en concluent immédiatement que ce dernier doit être un surdoué des technologies. Mes parents ont fait de même avec moi (et d’ailleurs ils se plaisent à raconter cette anecdote encore et encore à toute la famille, mais bon… on s’éloigne un peu) : quand j’étais en maternelle, j’ai réussi à programmer le lecteur VHS afin qu’il enregistre mon émission préférée. Pour mes parents, c’était grandiose, mais avouons que j’étais loin d’être le Mozart du VHS…On gonfle peut-être trop (ou mal?) la confiance de nos élèves avec la technologie et cela les porte à croire qu’ils connaissent tout… et surtout qu’ils connaîtront tout. Remarquons aussi que les technologies sont toujours changeantes et que les apprentissages que l’on fait doivent être en constante évolution : dans ce domaine, on est loin de l’apprentissage du théorème de Pythagore : ce dernier se fera encore de la même façon dans 20 ans! Par contre, l’utilisation d’un ordinateur aura forcément changé. Si on n’enseigne pas à nos élèves à apprendre à apprendre par eux-mêmes, je crois qu’on crée un glissement cognitif.
Aller plus loin – les défis de l’avenir en enseignement des technologies
À l’avenir, je crois que les principales pistes à observer dans le domaine de l’enseignement à l’aide des technologies de l’information et des communications seront celles du développement d’un bon jugement critique. Celui qui permettra aux élèves d’évaluer la pertinence d’une source provenant du web et celui qui leur permettra de comprendre la nature du plagiat et de ses conséquences, à titre d’exemple…samedi 21 mai 2016
Pensée impure – Bal des finissants
Si le bal des finissants se veut une fête pour symboliser le passage à l'âge adulte, ne devrait-on pas profiter de ce dernier moment pour vivre à fond la fin de notre enfance en allant se balancer dans un parc, en buvant de la Slush à la gomme balloune, en faisant du bricolage, en lançant des ballounes remplies d’eau par terre, en faisant une chasse aux trésors, en chantant des comptines bruyamment, en faisant des châteaux de sables et en se rappelant de la joie intense que provoquait la sortie de ce parachute.
samedi 9 avril 2016
Si on discutait révérencieusement de désobéissance civile…
Dans le secteur de l’éducation, les dernières négociations se sont déroulées concomitamment avec la mobilisation citoyenne : « Je protège mon école publique » (http://jpmep.com/). Plusieurs citoyens (notamment beaucoup de parents) ont fait des chaînes humaines autour des écoles primaires et secondaires de leur secteur afin de dénoncer les coupes dans le domaine de l’éducation. Une grande partie de la population se rangeait donc derrière les enseignants : chose plutôt rare quand on observe les quelques dernières négociations dans ce domaine.
Les négociations maintenant terminées dans le secteur public, je me demande pourquoi, pendant que se déroulent les moyens de pression et les journées de grève, nous ne discutons jamais de désobéissance civile. Quand une impasse se présente pendant la négociation, peu importe la fonction, les syndicats ont le devoir d’augmenter les moyens de pression de manière graduelle. Cependant, après avoir fait la grève du zèle, après avoir fait des journées de grève, bref après avoir fait tous les moyens de pression légaux, si le gouvernement décrète une loi spéciale, la désobéissance civile ne s’agit-elle pas d’un moyen de pression ultime? Si oui, pourquoi n’en parle-t-on pas révérencieusement avant d’être devant le fait accompli, étant donné que nous sommes, je crois, très peu renseignés sur le sujet. Notre méconnaissance du sujet nous pousse trop souvent à basculer vers la peur dès que les mots « grève » et « illégale » sont prononcés dans la même phrase. Quels sont les impacts de la désobéissance civile? Y a-t-il des exemples de désobéissance civile qui ont mené à des victoires ou des gains?
Malheureusement, on associe à tort la désobéissance civile à des casseurs et à la violence, mais si on s’attarde à sa définition et à ses grands défenseurs (Henry David Thoreau, Léon Tolstoï, Mohandas Karamchand Gandhi, Martin Luther King), il est important de comprendre que la désobéissance civile se doit d’être pacifique, publique et conséquente.
« La désobéissance civile désigne une violation publique, pacifique et conséquente, d’une loi, d’un ordre de Cour, d’une règle institutionnelle ou d’un ordre provenant d’une personne en autorité, violation qui heurte les convictions profondes d’ordre religieux, éthique ou politique d’un citoyen, qui veut respecter la priorité de sa conscience et éventuellement contribuer à changer la loi, la règle ou l’ordre social. » Source : DURAND, GUY. La désobéissance civile et nous. Fides. 2013.
Il existe des exemples de désobéissance civile au Québec et au Canada. À titre d’exemple, le docteur Henry Morgentaler pratiquait ouvertement des avortements illégaux dans les années 70. Ses convictions pro-choix et sa volonté de faire changer la législation de l’époque primaient sur la loi. Jusqu’à ce que la loi soit déclarée inconstitutionnelle en 1988, Morgentaler a subi plusieurs procès pour lesquels il fut acquitté.
En 1972, la grève du front commun a mené à l’arrestation des trois principaux chefs syndicaux. Le premier ministre Robert Bourassa suspend le droit de grève de 210 000 travailleurs, ce que les dirigeants syndicaux ont refusé en incitants leurs membres à ne pas respecter l’injonction. Le 8 mai 1972, les chefs syndicaux ont été condamnés à 12 mois de prison et ont été libérés 17 jours plus tard afin de terminer les négociations. Conséquents, Louis Laberge, Marcel Pepin et Yvon Charbonneau ont fini de purger leur peine, après une entente de principe qui procurera toutefois des gains importants aux syndiqués.
http://www.lignedutemps.org/#evenement/31/1972_front_commun_intersyndical
Kohlberg (1927-1987) divise l’acquisition du développement moral de l’enfant en six stades. Le premier stade est celui de la punition : l’enfant évite les punitions. Le deuxième stade est celui de la punition, mais inclut la notion de récompense : non seulement l’enfant évite les punitions, mais il comprend que ses bonnes actions peuvent être récompensées. Le troisième stade, qui s’acquiert chez le jeune adolescent est celui des relations interpersonnelles : l’adolescent est conscient que ses gestes sont jugés par les autres ; il se demande ce que les autres vont penser de lui. Le quatrième stade est celui du maintien de l’ordre social : la loi, c’est la loi, et ce, peu importe ses convictions sociales. Le cinquième stade est celui du contrat social : l’individu se sent engagé par rapport à ses semblables. Le dernier stade, le sixième, est celui des principes éthiques universels : l’individu établit son propre jugement moral qu’il appuie sur des valeurs éthiques universelles (égalité des droits, courage, honnêteté, respect du consentement, nono-violence, etc.). Il est en mesure de juger bon un geste illégal ou au contraire de juger mauvais un geste légal. Selon Kohlberg, seulement 13% des adultes atteindraient ce stade.
Le lien est étroit avec la désobéissance civile, mais le dernier stade de Kohlberg me rappelle l’expérience de Milgram : https://www.youtube.com/watch?v=FvkvRMXtrAo
Je me doute bien fortement que les discussions autour de la désobéissance civile continueront de provoquer des sentiments de peur et des discussions fermées… Dans son livre « La désobéissance civile et nous, Guy Durand décrit probablement pourquoi : « Il y a une propension de toute société à l’inertie, et à la loi et l’ordre. Il y a une tendance de tout citoyen à la soumission et à la pensée unique. Tendance accentuée par l’affirmation millénaire des prêtes, rois, seigneurs féodaux, patrons et compagnies industrielles et parents que l’obéissance est une vertu et la désobéissance un vice. » Source : DURAND, GUY. La désobéissance civile et nous. Fides. 2013.